Le Monde
Publié hier à 18h44, mis à jour hier à 19h59
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L’infographie, qui favorisait notamment Eric Zemmour, totalisait 106 % d’intentions de vote à l’élection présidentielle de 2022 et testait simultanément trois candidats à l’investiture des Républicains.
Des affiches de campagne pour Eric Zemmour, qui n’a pas fait de déclaration officielle de candidature, alors que la Commission des sondages a épinglé la chaîne CNews pour sa diffusion d’un extrait de sondage à la présentation et aux données trompeuses, le 27 octobre 2021. Bob Edme / AP
La chaîne d’information en continu CNews a été épinglée, jeudi 28 octobre, par la Commission des sondages pour une représentation erronée d’un sondage sur les intentions de vote à la présidentielle, favorisant notamment Eric Zemmour.
Lors de l’émission « L’Heure des pros 2 » de mercredi, la chaîne a diffusé un tableau intitulé « Présidentielle : E. Zemmour en hausse », basé sur une étude menée par Harris interactive pour Challenges mais qui, selon la commission, « ne correspond pas à un sondage réalisé conformément à la loi et ne peut donc pas être présenté comme extrait d’un sondage ».
Emmanuel Macron y apparaissait en tête avec 23 % des intentions de vote, suivi par Eric Zemmour – qui ne s’est toujours pas déclaré candidat – à 17 %, Marine Le Pen à 16 % et Xavier Bertrand à 14 %. Dans le même extrait de sondage, Valérie Pécresse et Jean-Luc Mélenchon étaient tous deux à 10 % des intentions de vote, puis Michel Barnier à 8 % et Yannick Jadot à 5 %. Pour un total de 103 % d’intentions de vote, puis 106 % après que la chaîne a rendu à M. Jadot les trois points dont elle l’avait amputé dans un premier temps.
En cause, la présence sur la même infographie de trois candidats à l’investiture des Républicains pour l’élection présidentielle – M. Bertrand, Mme Pécresse et M. Barnier – alors que « l’institut n’a pas réalisé de sondage en vue de tester l’hypothèse de leurs candidatures simultanées ».
« Circonspection » et « prudence » face aux sondages
De plus, la chaîne a omis d’afficher les marges d’incertitude du sondage. « Dans ces conditions, un tel tableau, qui ne correspond pas à un sondage réalisé conformément à la loi du 19 juillet 1977, ne peut donc pas être présenté comme extrait d’un sondage », tranche la commission.
Cette dernière note une autre imprécision trompeuse dans le titre du tableau qui présentait le polémiste « en hausse », fort de 17 à 18 % des intentions de vote (avec une marge d’incertitude de 2,1 %). Une estimation « exactement identique à [celle] des deux précédentes vagues de cet institut lorsqu’il teste les mêmes hypothèses », précise la commission, invitant à « la plus grande circonspection ».
Alors que les sondages et leur pertinence sont au cœur des débats autour de la précampagne présidentielle, la Commission des sondages « appelle l’attention de chacun sur la prudence qu’il convient d’adopter à la lecture de certains médias » et sur la nécessité de vérifier les estimations sur le site des instituts mentionnés.