Vous trouverez ici le discours de ce jour du Ministre Christophje COMBE, suivi de quelques photos prises.
Merci aux photographes.
ICI AUSSI LE LIEN DE CONNEXION A LA CONFÉRENCE DE CE MOMENT
Monsieur le Président de la Collectivité,
Monsieur le Maire,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Mesdames et messieurs les élus,
Madame la directrice générale de l’Agence régionale de santé,
Je suis très heureux d’ouvrir à mon tour nos échanges ce matin.
La dernière fois que je suis venu ici j’étais directeur général de la Croix-Rouge.
Je suis d’ailleurs venu plusieurs fois aux Antilles en portant ce bel emblème d’humanité. Je repense au triste passage de la tempête Irma, mais aussi à des moments plus heureux, où j’ai pu constater le formidable engagement de la jeunesse et le dynamisme des associations.
Monsieur le Maire, merci pour vos mots d’accueil auxquels je suis sensible. Les communes sont des échelons essentiels de la solidarité. Nous avons tous à apprendre de votre expérience, car c’est ensemble que nous relèverons les enjeux qui nous rassemblent ce matin.
Madame la Conseillère exécutive, j’ai eu l’occasion d’en échanger avec le président de la collectivité, vous connaissez ma détermination à faire avancer nos causes communes pour l’autonomie.
Monsieur le Sénateur, soyez assuré que votre mission d’évaluation des politiques publiques du sport en Outre-mer irriguera nos travaux sur le bien vieillir, je pense notamment au volet qui vise au retardement du vieillissement grâce à l’activité sportive.
Je voudrais également saluer notre nouvelle directrice générale de l’Agence régionale de santé. Chère Anne BRUANT-BISSON, je vous souhaite à nouveau tous nos vœux de réussite au service de l’intérêt général des Martiniquais, nous savons tous pouvoir compter sur votre engagement et sur vos compétences.
Nous sommes réunis ce matin sur un sujet essentiel.
Lors de ses vœux 2023, le Président de la République nous a invité à être des bâtisseurs.
Quelles que soient nos sensibilités, je vous propose que nous reprenions ce beau terme de « bâtisseur » à notre compte. Que nous en fassions le fil rouge de notre matinée.
Bâtisseur de solutions pour nos ainés.
Bâtisseur de consensus entre des visions parfois différentes.
Bâtisseurs de ponts entre nos métiers
Bâtisseurs de liens entre les générations, entre les territoires.
Bâtisseur, je tente de l’être depuis sept mois au Gouvernement et notamment sur cette question de l’accompagnement du vieillissement de la population.
Bâtisseur pour avoir des professionnels plus nombreux, avec un programme de recrutements sans précédent.
Pour que ces professionnels soient mieux payés, avec des augmentations de salaires sans précédent.
Bâtisseur pour rénover les établissements, avec des enveloppes dédiées sans précédent.
Pour renforcer la confiance de nos concitoyens, avec un plan de contrôles des EHPAD sans précédent.
Pour protéger les budgets des établissements de l’inflation, avec des boucliers et des aides.
Bâtisseur pour transformer l’offre en développant le domicile et les différentes formes d’habitat intermédiaire, comme les résidences autonomie, l’accueil familial ou l’habitat inclusif.
Bâtisseur pour faire reculer la maltraitance, en établissement comme à domicile. Nous aurons l’occasion d’en parler ce matin, mais cette question de la maltraitance sera l’un des marqueurs du quinquennat. Je veux libérer la parole pour protéger les personnes et les soignants qui souffrent des amalgames. C’est pour cela que je lancerai dans quelques semaines et pour la première fois les assises de la maltraitance et sans attendre, j’ouvrirai une plateforme en ligne pour pouvoir les signaler plus facilement.
Bâtisseur enfin nous le sommes avec le Président de la République, pour avoir une vraie politique publique de l’autonomie, avec la création de la 5ème branche de la sécurité sociale. Au travers de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, elle porte le risque « autonomie » et elle est dotée de moyens sans précédent.
Je pourrai vous égrener la liste des mesures techniques, multiplier les chiffres, mais je crois que chacun peut convenir ici que le Gouvernement, sous l’autorité du Président de la République, a pleinement pris en main cette question du vieillissement. Une question qui concerne spécialement l’avenir de la Martinique.
Je dis « spécialement », car la Martinique, comme la Guadeloupe d’ailleurs, feront partie des départements ayant la proportion des personnes de plus de 75 ans parmi les plus élevées des territoires de France.
Or je vous ai parlé de mesures nationales – c’est essentiel d’en avoir – mais il faut aussi regarder les situations dans le détail. Et vous le savez, il y a des particularités Outre-Mer.
En effet les territoires d’Outre-Mer sont en situation de sous-équipement dans le champ des personnes âgées.
Chacun a en tête le rapport d’information du 6 février 2020, des députées Stéphanie ATGER et Ericka BAREIGT sur « Le grand-âge dans les Outre-Mer ».
Ce rapport dressait un état des lieux préoccupant. D’une part, avec une forte accélération de la proportion de personnes âgées dès l’horizon 2030 et d’autre part, avec une offre en établissements dédiés à l’accompagnement des personnes âgées globalement insuffisante en volume, vétuste et chère.
C’est pour y répondre que ma prédécesseur Brigitte Bourguignon a proposé un plan de soutien spécifique. Ce plan prévoit notamment un investissement sur quatre ans, dans le cadre de ce que nous avons appelé le « Ségur de la Santé ».
Ce plan de soutien permet de développer l’offre, en laissant de la souplesse aux acteurs pour s’adapter à la diversité des besoins locaux.
Il permet de proposer de nouvelles solutions aux personnes âgées et à leurs familles, notamment à celles qui ont des besoins en soins plus prononcés, des situations sociales plus précaires, qui sont les plus isolées.
Concrètement c’est une enveloppe de 75 millions d’euros, dont 15 millions et demi pour la Martinique qui seront débloqués entre 2021 et 2024.
Nous sommes en train de travailler à cette programmation pluriannuelle. Nous y travaillons avec la collectivité et je serai très attentif au bon déploiement de ce plan.
Les besoins sont là, nous ne pouvons pas attendre.
Pour ne pas attendre, la question de moyens est essentielle, celle du travail en commun de l’Etat de la collectivité l’est tout autant pour réussir ce plan de rattrapage, mais il faut également parler de la transformation de l’offre et de la qualité de vie au travail, qui sont deux piliers essentiels de notre politique.
En matière de transformation de l’offre je crois à l’innovation, au sur-mesure.
Notre objectif est simple, transformer le modèle des EHPAD pour qu’ils soient plus médicalisés, plus verts, plus humains et plus ouverts.
A ce titre, je tiens à saluer le projet de tiers lieu de l’EHPAD de Sainte Hillegarde, qui fait partie des 25 lauréats que nous avons sélectionnés et cofinancés, et qui propose une réelle ouverture de la structure sur l’extérieur.
De la mise en valeur du patrimoine et du savoir-faire local au développement d’une production agricole, d’une programmation culturelle à une approche partenariale avec les acteurs du territoire : vous dessinez l’avenir de nos EHPAD et je suis enthousiaste de le visiter toute à l’heure !
Transformer l’offre, c’est aussi garantir des conditions d’hébergement dignes à tous nos ainés, en particulier les plus fragiles d’entre-deux.
C’est la raison pour laquelle, après en avoir échangé avec le Président Letchimy, j’ai décidé de me rendre cet après-midi sur le site d’Emma Ventura. Nous allons nous atteler, avec la collectivité et avec l’ensemble des partenaires, à proposer un nouvel Ehpad pour le CHU. Je ferai des annonces concrètes cet après-midi, et je suivrai ce dossier de près, je m’y engage devant vous aujourd’hui.
En matière de qualité de vie au travail, nous devons, là aussi, faire preuve d’innovation. Je vous annonce que nous débloquerons une enveloppe globale de 500 000 euros pour porter notre engagement sur le sujet. Nous avancerons avec des objectifs très concrets, notamment pour prévenir et lutter contre les troubles musculo-squelettiques et réduire les risques psycho-sociaux et l’usure professionnelle.
Mesdames et messieurs, nous sommes rassemblés ce matin pour parler du grand âge, mais je ne peux pas parler d’autonomie sans élargir quelques instants mon propos à la question des personnes en situation de handicap.
Comme pour l’accompagnement des personnes âgées, le déficit de places Outre-Mer crée des situations d’inégalités entre les territoires et je ne peux pas l’accepter.
C’est pour cela que nous avons décidé, avec la ministre déléguée Geneviève DARRIEUSSECQ de missionner dès le mois de novembre 2022, un directeur de projet outre-mer, pour réaliser un diagnostic de l’offre.
Je vous annonce aujourd’hui que cette mission sera suivie d’un plan de rattrapage similaire à celui mis en place sur le champ des personnes âgées. Son objectif sera de développer les établissements et services, dans une démarche inclusive, pour proposer un parcours de vie cohérent dans toutes ses dimensions pour les personnes en situation de handicap.
Ces mesures, nous allons en reparler, elles permettent de bâtir le présent, de répondre à l’urgence.
Mais ce matin, ce que je vous propose, c’est d’être des bâtisseurs de l’avenir.
Car tel est l’objet du Conseil national de la refondation.
Le Conseil national de la refondation ce n’est pas une énième commission qui produira un énième rapport sur le sujet.
Le Conseil national de la refondation, c’est une nouvelle méthode.
Une méthode, voulu par le Président de la République, pour donner la parole aux citoyens sur les grands débats qui engagent l’avenir.
Aujourd’hui nous parlons du bien vieillir, mais dans d’autres territoires au même moment, on parle de l’école, on parle de santé, on parle d’industrie ou encore d’écologie.
Je crois profondément à cette nouvelle manière de faire de la politique : écouter les élus, écouter les professionnels, écouter les citoyens.
Ce matin je vous propose que nous parlions concret, que nous parlions solutions, que nous soyons créatifs et positifs.
Nos échanges de la matinée reprendront les trois thématiques que nous avons retenues pour l’organisation de ce CNR.
D’abord la question de l’adaptation de la société au vieillissement, pour maintenir l’autonomie des personnes âgées le plus longtemps possible.
En adaptant les comportements individuels par l’accès aux activités sportives, la prévention de la dénutrition, des chutes ou encore du suicide.
En adaptant le logement et le cadre de vie pour pouvoir vieillir chez soi.
Ou encore en adaptant la ville et les territoires pour faciliter le parcours et la mobilité des personnes âgées.
La deuxième thématique, c’est la question du lien social et de la citoyenneté de nos aînés.
C’est un point essentiel pour moi, sans doute forgé dans mes années Croix-Rouge : l’isolement social est un fléau, et nous devons garantir aux personnes fragiles qu’elles sont pleinement écoutées, et pleinement citoyennes jusqu’au bout de leurs vies.
Enfin la troisième thématique, c’est la question fondamentale de la valorisation des métiers.
Je vous en ai parlé toute à l’heure car c’est l’urgence du Gouvernement, mais il faut aussi préparer l’avenir et aborder plus largement cette question.
En effet elle ne se limite pas à la question du taux d’encadrement ou de la rémunération, mais nous devons parler des parcours, de la formation ou encore du management et de l’organisation du travail.
Sur chacune de ces thématiques, il n’y a pas de tabou ! Toutes les questions sont bonnes à poser, toute les solutions sont bonnes à être proposées ! J’ajoute que les bonnes mesures ne sont pas toujours celles qui coûtent le plus cher et nous en mettrons en débat tout à l’heure.
Vous le voyez, notre programme est chargé, et je ne vais pas prolonger plus longtemps mon propos introductif. Je voudrais simplement conclure en répondant à une question simple que vous êtes sans doute nombreux à vous poser : à quoi tout cela va-t-il servir concrètement ?
Concrètement, toutes vos idées feront l’objet d’une synthèse qui sera restitué à la fin du mois d’avril.
Un mois plus tard, fin mai, j’annoncerai un plan d’action qui sera directement issu de nos travaux.
S’il y a besoin de changer la loi nous le ferons, sinon nous mettrons en œuvre les propositions sans attendre.
J’étais la semaine dernière à Evian en Savoie, il y a quelques semaines à Agen, chez moi à Chalon dans la Marne ou encore à Lille. A chaque fois je repars gonflé d’enthousiasme, malgré les difficultés, malgré les inquiétudes, j’espère vous avoir partagé cet enthousiasme pour que vive le Conseil national de la refondation !
Je vous remercie à nouveau de votre présence, je remercie les organisateurs et je vous propose que nous passions sans attendre à nos travaux de bâtisseurs !