Il est un paradoxe que la Guyane ressent chaque jour plus fortement : être l’un des territoires les plus riches de France par son sous-sol, ses forêts, ses ressources stratégiques et sa position géopolitique, tout en figurant parmi les départements les moins dotés en infrastructures, en services publics et en perspectives de développement. Dans cette contradiction se joue une grande part de l’avenir institutionnel de ce territoire singulier, à la fois amazonien, caribéen et français.
Un sous-sol parmi les plus prometteurs de France
La Guyane repose sur un socle géologique très ancien, de type « bouclier guyanais », l’un des plus favorables au monde pour la formation de ressources minérales. Selon les études du BRGM, près de 75 % du territoire présente un potentiel minier significatif, en particulier pour l’or — primaire et alluvionnaire — mais aussi pour des métaux stratégiques très demandés mondialement.
Les ressources identifiées incluent : or primaire, or alluvionnaire, niobium, tantale, terres rares, kaolin, bauxite et minéraux lourds. Les zones majeures se situent notamment entre Maroni et Mana, autour de Saül, et entre Approuague et Oyapock.
Des contraintes environnementales et logistiques majeures
Cette richesse ne doit pas masquer les réalités du terrain : biodiversité exceptionnelle, territoires protégés, logistique complexe, réglementation stricte. Les filières de transformation sont quasi inexistantes, ce qui empêche la Guyane de capter la valeur ajoutée de ses ressources.
Un département riche en potentiel, pauvre en moyens
Malgré ses atouts, la Guyane demeure l’un des départements les plus fragiles : forte croissance démographique, pauvreté élevée, déficit d’infrastructures, dépendance financière vis-à-vis de l’État. Ce contraste nourrit un profond sentiment d’injustice.
La question institutionnelle : une demande qui s’affirme
Depuis les mouvements sociaux de 2017, les élus et la société civile réclament un cadre institutionnel capable d’adapter les politiques publiques aux réalités amazoniennes. Les demandes portent sur : une plus grande autonomie de décision, une capacité normative renforcée, une meilleure gestion des ressources et un partenariat renouvelé avec l’État.
Un choix stratégique pour la France et pour l’Europe
La Guyane est une frontière de l’Union européenne, un espace géopolitique clé, abritant le centre spatial et situé au croisement des enjeux amazoniens, caribéens et sécuritaires. Redéfinir son statut, ce n’est pas s’en éloigner : c’est lui permettre de contribuer pleinement à la France et à l’Europe.
Richesse, responsabilité, reconnaissance
La Guyane ne peut continuer à cumuler richesses potentielles et stagnation réelle. L’heure est venue de concevoir un cadre institutionnel permettant enfin au territoire de tirer parti de ses ressources tout en préservant son patrimoine exceptionnel. La Guyane ne demande pas un privilège, mais les moyens d’être elle-même.
Gérard Dorwling-Carter



