Comme dit la chanson du groupe BWA SIRO sortie il y a plusieurs décennies et dirigé par les frères REMION, « Calipso sé bagaye anglé , bossa nova ce bagaye brézilien, kadans rampa sé bagaye aysien…parmi yo-tout sé bigine mwen preferé, joué bigine, dansé bigine, shanté bigine !
La biguine est au centre du patrimoine musical de la Martinique, et aussi de la Guadeloupe et de la Guyane, elle peut être considérée comme un patrimoine commun de nos trois territoires.
A ses cotés, plusieurs autres traditions musicales rythmiques endémiques de la Martinique : La mazouk, le bèlè , la valse créole, la cadence, le zouk…
Aujourd’hui apparaissent de nouvelles formes de créations ancrées dans d’autres univers rythmiques . Environnement en mutation, déterminismes d’autres natures, imaginaires mondialisés et encadrés par de nouveaux concepts.
Dans ce contexte le fossé entre les générations se renouvelle et s’agrandit.
Notre patrimoine musical est-il obsolète ?
Le zouk qui a véhiculé une certaine identité antillaise ces dernières décennies, même s’il démontre une certaine vitalité qui perdure ne semble plus la référence à laquelle adhérent les nouvelles générations.
La continuité d’expressions rythmiques connues depuis les débuts de la biguine à Saint Pierre au travers plusieurs générations semble interrompue.
Ces dernières années par exemple la commission d identification des œuvres déposées à la SACEM confirme ses interpellations.
En effet, très rarement les titres déposée par les jeunes sont basés sur des rythmes traditionnels , sauf quelques furtifs appuis sur des fonds patrimoniaux juxtaposes aux toasts d’aujourd’hui ( admiral T- Paille.)
Tout a changé en quelques années : Le rapport à la musique , à l’écriture, même le talent recherché auprès de nouvelles voix d’interprètes chanteurs a changé .les influences du numérique et des nouvelles technologies sont incontestables, on développe, on parle de beat-maker , de top-liner , on fait référence à des instru qui remplacent le terme riddim, on échange sur les fan base ( communauté de l’artiste sur les réseaux sociaux )
Les exigences ne sont plus les mêmes, ni pour les mélodies, ni pour les textes, ni pour les qualités vocales des interprètes. Le vocoder a remplacé et masqué les performances vocales par la substitution d’un son synthétique.
Faut-il une continuité pour sauvegarder une identité.
Convient t’il de considérer que ces mutations sont inévitables ?
Il y a-t-il le même constat à Trinidad, en Jamaïque, à Puerto rico ?
Tous ces territoires qui ont alimenté le monde et singulièrement nos régions caraïbes par des apports reflétant des cultures singulières, des identités, des histoires…
De nouvelles références.
Le nombre de vues , le quota des followers, les Stream, les usages des réseaux sociaux sont les nouvelles références qui peuvent garantir une exposition sans limites et mondiale. Les exemples de MERYL pour la Martinique , BAMBI pour la Guyana, de Lycinais JEAN pour la Guadeloupe sont probants . Un succès peut ètre immédiat grâce a une technologie puissante favorisant l’exposition à l’universel.
Comment sera t-on en 2050?
Il y auraencore des expressions identitaires au service d’une diversité enrichissante ou une standardisation planétaire uniformisante ?
Un conservatoire, de nouveaux apprentissages , de nouveaux modes opératoires seront nécessaires pour conserver une diversité et faire perdurer les identités musicales des espaces culturels ?
Les musiques contemporaines des instrumentistes formés et diplômés sont concernés comment garantir leur développement et les métiers concernés ?
Ces interrogations sont au centre des problématiques des politiques culturelles d’aujourd’hui.
A développer .
Christian Boutant
Comité Martiniquais de la Musique. (Biguine Jazz). N
Membre du Cesecem