Le 9 juin 2024 restera l’une des dates marquantes de l’histoire de la Cinquième République, pour le meilleur ou pour le pire.

Le même jour, l’élection des députés au parlement européen voit les Français voter, dans la proportion de 47%, en faveur de trois formations politiques qualifiées d’extrémistes; dans la foulée de ces résultats, le Président de la République dissout l’assemblée nationale et convoque le corps électoral, comme le lui permet l’article 12 de la Constitution.

Dès cette décision de dissolution connue, les états-majors des partis se réunissent pour organiser leurs plans de bataille, comme dans une guerre.

Le mot d’ordre des partis non catalogués comme extrémistes est simple: faire barrage aux « extrémistes » de droite comme de gauche.

Ce qui veut dire, en clair, tenter d’obtenir que les trois formations visées, qui, répétons-le, ont recueilli 47% des voix, n’obtiennent pas la majorité des députés à l’Assemblée Nationale.

Or tous les sondages prévoient en faveur de l’un de ces partis dits « extrémistes », le Rassemblement national, une majorité sans appel.

Ce résultat parait d’autant plus probable que les autres formations restent profondément divisées, même si des arrangements à but purement électoral cachent mal des désaccords profonds. Pour preuve les 38 listes présentes à l’élection européenne.

Dès lors, deux chemins existent pour sortir la France de la crise, c’est-à-dire d’un moment où le passé refuse de laisser la place à l’avenir.

Premier chemin, celui actuellement envisagé par la majorité des états-majors: tenter d’interdire l’accès au pouvoir du Rassemblement national, virtuellement majoritaire à l’Assemblée nationale. Que cette opération réussisse ou pas, elle nous conduit à l’aggravation de la guerre civile dans laquelle nous sommes déjà engagés comme en témoigne l’explosion historique des violences en tous genres, et à l’aggravation de nos difficultés, surtout pour les plus humbles.

Deuxième chemin, le seul réaliste, courageux et efficace: le Président de la République ou le Président de l’une ou l’autre Chambre peuvent proposer, avant le premier tour, un gouvernement d’Union Nationale, intégrant des représentants de tous les partis représentés à l’Assemblée nationale le 7 juillet au soir, et appliquant un plan mûrement négocié d’actions concrètes sur cinq ans pour le redressement du pays.

Il ne s’agit pas d’un rêve: la Suisse et l’Allemagne, voisins immédiats de la France, appliquent depuis longtemps cette méthode, symbole de démocraties adultes.

Maurice Laouchez

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