À l’attention de Monsieur le Président et des Membres de l’Union africaine
Antananarivo,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Membres de l’Union africaine,
Le peuple malgache tient à exprimer sa totale indifférence face à la récente condamnation et suspension de notre nation par votre organisation. Depuis des décennies, l’Union africaine n’a apporté ni progrès tangible, ni justice, ni véritable solidarité à Madagascar — ni même à une grande partie du continent africain. Vos résolutions sont restées lettre morte, et votre présence a trop souvent servi les élites politiques plutôt que la volonté populaire.
Une révolte pacifique pour des droits essentiels
Ces dernières semaines, le peuple malgache s’est soulevé pacifiquement pour réclamer des droits humains fondamentaux : l’accès à l’eau, à l’électricité, et à une vie digne. En réponse, le régime dirigé par M. Andry Rajoelina, soutenu par des puissances extérieures, a déchaîné la violence contre des citoyens non armés. Alors que le président a fui le pays avec l’aide des autorités françaises, dont le président Emmanuel Macron, Madagascar a une fois de plus été témoin de la manière dont l’ingérence étrangère et l’hypocrisie politique piétinent la souveraineté des nations africaines.
Le silence de l’Union africaine : une faute morale
Au lieu de condamner une nation recouvrant sa liberté après seize années d’oppression sous un régime corrompu et illégitime, l’Union africaine aurait dû saluer le courage du peuple malgache. Elle aurait dû dénoncer les exactions commises contre les civils et exiger la fin de toute intervention étrangère. Votre silence, ou pire, vos condamnations malavisées, ne font qu’aggraver les blessures du continent et trahir les principes fondateurs de votre institution : l’unité, la souveraineté et la dignité des peuples africains.
Un nouveau chapitre pour Madagascar
Madagascar se trouve aujourd’hui au seuil d’un nouveau chapitre, écrit par la volonté de ses citoyens libres, et non par des intérêts extérieurs ou des institutions discréditées. Le peuple malgache ne recherche pas la validation de l’Union africaine. Notre libération n’a pas besoin de votre approbation. Ce que nous réclamons, c’est la vérité, la justice et une solidarité africaine authentique, fondée sur le respect mutuel, l’égalité entre nations et la souveraineté de chaque peuple.
Pour une Afrique des peuples, et non des puissances
L’Union africaine ne pourra retrouver sa légitimité que lorsqu’elle choisira d’être la voix des peuples plutôt que le bouclier des régimes. Madagascar, fidèle à l’esprit d’indépendance qui anime sa jeunesse, continuera de se tenir debout — libre, digne et tournée vers un avenir africain fondé sur la vérité et la fraternité.
Respectueusement,
Le peuple de Madagascar 🇲🇬
Contexte et analyse
Le texte intitulé « Lettre ouverte à l’Union africaine (copie à la SADC) » provient très probablement d’un communiqué ou d’une publication citoyenne diffusée à la suite de la suspension de Madagascar des instances de l’Union africaine, intervenue le 15 octobre 2025, après le renversement du président Andry Rajoelina par des militaires conduits par le colonel Michael Randrianirina.
Selon les sources journalistiques (Le Monde, La Croix, Agence Ecofin, Le Club des Juristes), l’Union africaine a décidé cette suspension « avec effet immédiat » pour protester contre ce qu’elle a qualifié de changement anticonstitutionnel de gouvernement. La Haute Cour constitutionnelle avait constaté la vacance du pouvoir, après un vote de destitution adopté à l’Assemblée nationale et la fuite d’Andry Rajoelina, exfiltré par un avion militaire français.
Le texte ne correspond pas à un communiqué officiel : il s’agit d’une lettre ouverte anonyme circulant sur les réseaux sociaux malgaches et panafricains, exprimant la réaction d’une partie de la population opposée à la position de l’Union africaine. Son ton — nationaliste, anti-interventionniste et de soutien au mouvement populaire — reprend les arguments des manifestations de septembre et octobre 2025 à Antananarivo, dénonçant la répression et la « complicité de puissances étrangères ».
En résumé, cette lettre s’inscrit directement dans le contexte :
• de la crise politique d’octobre 2025 à Madagascar ;
• de la suspension du pays par l’Union africaine ;
• et de la réaction populaire de désapprobation vis-à-vis de cette décision, relayée dans la sphère médiatique panafricaine et sur les plateformes militantes.