Le mois de mai est un mois de diverses célébrations.
Il en est une dont il est rarement question: c’est celle de la guerre du Diamant, qui s’est déroulée le 24 mai 1925.
Ce 24 mai 1925, des élections cantonales ont lieu dans plusieurs communes de la Martinique.
Le gouverneur de l’époque, Henri Richard, pour qui la vie d’un Martiniquais ne valait rien, entend faire élire au Diamant son protégé, le colonel Coppens, grand propriétaire foncier.
A Ducos, le matin, deux élus ont été assassinés par le gendarme Rouquette.
Il s’agit de Charles ZIZINE ET LOUIS HUYGHES DES ETAGES.
Au Diamant, une fois le vote terminé, instruction est donnée aux forces de l’ordre de s’emparer de l’urne, et de la transporter à Fort-de-France pour dépouillement au palais du gouverneur.
Le peuple du Diamant comprend immédiatement qu’il s’agit d’organiser, loin du contrôle populaire, le bourrage d’urne qui débouchera forcément sur la proclamation de la victoire du colonel Coppens.
Il ne l’accepte pas, et décide de s’opposer physiquement au transport de l’urne. Un imposant cortège se forme dans la rue principale de la commune.
Obéissant à la doctrine du gouverneur, les gendarmes présents, équipés de mousquetons et d’une mitrailleuse , ouvrent le feu.
10 morts et une douzaine de blessés sont à déplorer.
A ces dix morts, il faut ajouter le candidat Coppens, atteint par une balle dont on ne sait pas encore si elle fut volontairement ou involontairement tirée par l’un des gendarmes.
Longtemps, les 10 victimes ont été présentées par les autorités comme des voyous voulant piller.
Il a fallu les recherches d’un historien américain, Richard PRICE, pour établir que ces dix Diamantinois étaient morts uniquement pour que leur vote soit respecté.
Ce sont donc d’authentiques héros, martyrs du long chemin, pas encore abouti, vers la démocratie véritable.
Que tous ceux qui se vantent de ne pas aller voter sachent que c’est pour le respect de leur vote que, le 24 mai 1925 sont morts, en Martinique, il y aura bientôt un siècle, dix Diamantinois.