Fort-de-France, le 16 octobre 2024 – Après plus de 60 heures de négociations intenses, un accord majeur a été signé le mercredi 16 octobre entre la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), l’État, les parlementaires, ainsi que plusieurs acteurs économiques de premier plan. Cet accord, résultat de la septième table ronde de discussions, représente un tournant important dans la lutte contre la vie chère en Martinique. Ce protocole d’objectifs et de moyens vise à soulager les familles martiniquaises en baissant les prix sur des milliers de produits essentiels, tout en renforçant la production locale et en instaurant davantage de transparence dans la formation des prix. Cependant, malgré les avancées obtenues, il est à noter que le RPPRAC a refusé de signer l’accord.
Un accord pour baisser les prix sur 7 000 produits
L’accord signé repose sur des mesures inédites visant à réduire le coût de la vie en Martinique. Parmi les principales avancées, une baisse de 20 % en moyenne sur les prix de près de 7 000 produits de grande consommation (lait, pâtes, beurre, haricots, couches pour bébé, etc.) sera appliquée dès le 1er janvier 2025. Cette réduction significative vise à atténuer l’écart important entre les prix pratiqués en Martinique et ceux de l’Hexagone, un différentiel actuellement estimé à 40 % pour certains produits alimentaires. L’objectif est de ramener cet écart à une fourchette de 5 % à 25 %.
Des mesures structurantes pour réduire les coûts
Le protocole met en place cinq grandes mesures structurelles, visant à baisser les coûts d’achat et d’acheminement des produits. L’une des initiatives les plus marquantes est la suppression de l’octroi de mer sur 54 familles de produits (viandes, poissons, laits, fromages, etc.) et la suppression de la TVA sur 69 familles de produits de grande consommation, étendant ainsi cette mesure à des produits tels que les pommes, les oranges et les biscottes. Ces baisses fiscales devraient soulager les consommateurs et soutenir le pouvoir d’achat des familles martiniquaises.
Pour répondre à la problématique des frais d’approvisionnement élevés, un fonds de compensation du fret sera mis en place, financé par l’État et le transporteur CMA CGM. Ce fonds vise à réduire les coûts d’acheminement des produits depuis l’Hexagone et d’autres pays. Les signataires de l’accord se sont également engagés à geler et encadrer les marges des distributeurs et des grossistes, afin d’éviter les excès de prix.
Ces mesures sont :
- Suppression de l’octroi de mer sur 54 familles de produits (viandes, poissons, laits, fromages, etc.)
- Suppression de la TVA sur 69 familles de produits de grande consommation (pâtes, pommes, oranges, biscottes, etc.)
- Création d’un fonds de compensation du fret, financé par l’État et le transporteur CMA CGM, pour réduire les coûts d’acheminement des produits
- Gel et encadrement des marges des distributeurs et des grossistes pour éviter les excès de prix
- Mise en place de contrôles mensuels des prix et des marges, avec un suivi par l’Observatoire des Prix, des Marges et des Revenus
Soutien à la production locale et transparence sur les prix
Le protocole met également un accent particulier sur le soutien à l’agriculture locale. Une enveloppe de 2 millions d’euros sera mobilisée dès 2025 pour accompagner les agriculteurs martiniquais dans leur transition vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement. En renforçant l’autonomie alimentaire locale, l’État et la CTM souhaitent non seulement encourager la production locale, mais aussi réduire la dépendance excessive aux importations.
En matière de transparence, des contrôles renforcés seront menés tous les mois, avec la saisine de l’Autorité de la concurrence pour vérifier la formation des prix. Des outils de comparaison des prix seront également mis en place, ainsi qu’un suivi régulier par l’Observatoire des Prix, des Marges et des Revenus (OPMR).
Les réactions des acteurs : Une avancée pour certains, une fracture pour d’autres
Si la majorité des acteurs économiques a signé le protocole, le RPPRAC a refusé de s’engager.
Les signataires de l’accord
- Jean-Christophe Bouvier, Préfet de la Martinique
- Serge Letchimy, Président du Conseil exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM)
- Les parlementaires de Martinique
- Les représentants des importateurs et grossistes
- Les distributeurs (hypermarchés et supermarchés)
- Le Grand Port Maritime de Martinique
- Le transporteur CMA CGM
- Les associations de consommateurs
- Les maires martiniquais
Vers un Impact Concret dès 2025
Les dispositions de ce protocole entreront en vigueur progressivement à partir du 1er janvier 2025, en tenant compte des contraintes législatives et réglementaires (vote du budget national et du budget de la CTM). Les signataires ont convenu de mettre en place un calendrier de suivi trimestriel pour rendre compte de l’avancement des mesures et de leur impact sur le quotidien des Martiniquais. L’objectif commun est de restaurer un équilibre économique plus juste et durable pour tous les habitants de l’île.
Cet accord, malgré les réticences de certains, marque un pas significatif vers une réduction de la vie chère en Martinique. L’avenir montrera si ces mesures porteront leurs fruits et permettront enfin de soulager la population face à une situation économique devenue insoutenable pour beaucoup.