Rapport historique publié à Jérusalem
Le 28 juillet 2025, deux ONG israéliennes influentes, B’Tselem et Physicians for Human Rights‑Israel (PHRI), ont publié un rapport commun intitulé Our Genocide. Elles y affirment que l’État d’Israël mène une campagne délibérée de destruction contre la société palestinienne dans la bande de Gaza, ce qui, selon elles, correspond à la définition légale du génocide .
Selon B’Tselem, l’opération de guerre inclurait la destruction méthodique des infrastructures civiles, le déplacement forcé de populations, et un discours politique encourageant la violence contre les Palestiniens. PHRI se concentre particulièrement sur la désintégration du système de santé, considérée comme un outil intentionnel de destruction .
Témoignages et prise de parole : un choc pour la société israélienne
Yuli Novak, directrice exécutive de B’Tselem, a déclaré à la presse :
« Le rapport que nous publions aujourd’hui est un rapport que nous n’aurions jamais imaginé devoir écrire… Israël commet un génocide contre les Palestiniens dans la bande de Gaza » .
Cette prise de position brise un tabou dans les médias israéliens, où le terme « génocide » est très sensible en raison de la mémoire de la Shoah .
Analyses de chercheurs israéliens
Parmi les voix universitaires notables :
Amos Goldberg, historien israélien spécialiste de la Shoah, affirme depuis octobre 2024 que :
« Ce qui se passe à Gaza est un génocide, car Gaza n’existe plus » .
Il note que le terme vaut indépendamment des différences avec la Shoah et s’appuie sur une rhétorique déshumanisante et une politique de famine organisée.
Daniel Blatman et Amos Goldberg publient dans Haaretz un article en janvier 2025 intitulé « Il n’y a pas d’Auschwitz à Gaza. Pourtant, c’est un génocide ». Ils décrivent un schéma comprenant destruction des institutions, bombardements des zones dites « sûres », famine systématique, et violence ciblant les civils – autant de critères définissant un génocide selon la Convention de 1948 .
Menachem Klein, professeur à l’université Bar-Ilan, estime en novembre 2024 que bien que l’objectif ne soit pas d’exterminer chaque Palestinien, la destruction systématique des hôpitaux, des universités et des administrations vise clairement la destruction de l’identité collective des Gazaouis, ce qui équivaut, selon lui, à un génocide .
Couverture dans la presse israélienne
Le Jerusalem Post reprend les éléments du rapport :
« B’Tselem accuse le gouvernement Netanyahu d’un génocide à Gaza, visant à démanteler la cohésion sociale et les infrastructures civiles palestiniennes » .
D’autres commentateurs, dont dans Haaretz, soulignent que ces ONG représentent un tournant radical dans le débat israélien sur le conflit. L’utilisation du terme « génocide » est jugée par certains comme étant “le manuel juridique même du génocide” .
Tableau synthétique
Actor | Position / Citation principale |
B’Tselem / PHRI | « Israël commet un génocide contre la société palestinienne à Gaza » (Our Genocide, 28 juillet 2025) |
Yuli Novak (B’Tselem) | « Israël commet un génocide… » (…nous n’aurions jamais imaginé devoir écrire) |
Amos Goldberg | « Gaza n’existe plus… Ce qui se passe à Gaza est un génocide » |
Blatman & Goldberg | « Il n’y a pas d’Auschwitz à Gaza. Pourtant, c’est un génocide » (Haaretz, janvier 2025) |
Menachem Klein | Affirmation d’un génocide collectif via destruction systématique de l’identité palestinienne |
Jerusalem Post | Présente les ONG comme premières voix israéliennes dénonçant un génocide contre leur propre État |
Conclusion
La prise de position de B’Tselem et PHRI constitue une rupture majeure dans le discours israélien, où jamais auparavant des ONG basées en Israël n’avaient qualifié les actions de leur gouvernement de génocide. Cette dénonciation est par ailleurs soutenue par des universitaires de renom, notamment Amos Goldberg et Daniel Blatman, qui incluent le phénomène dans une analyse juridique et historique du conflit.
Cette évolution reflète un questionnement croissant au sein de la société israélienne et ouvre la voie à un débat inédit sur les responsabilités politiques, légales et morales du gouvernement de Tel-Aviv.