En Martinique, l’expression « super profits » alimente le débat public, accusant les entreprises locales d’enrichissement excessif. Pourtant, le rapport 2022 de l’INSEE nuance largement ce discours.
Une rentabilité en ligne avec la moyenne nationale
La rentabilité financière (ROE) des PME martiniquaises est de 10,1 %, légèrement en dessous de la moyenne nationale (11,6 %). En Guadeloupe, elle tombe à 8,0 %. Seule la Guyane se distingue avec 11,2 %, tirée par des activités spécifiques (secteur spatial, BTP en forte expansion).
En parallèle, le taux de marge nette (résultat net rapporté au chiffre d’affaires) en Martinique est de 13,1 %, contre 27,6 % en métropole, signe que les marges brutes ne se traduisent pas mécaniquement en bénéfices élevés.
Évolution des marges financières : une stabilité depuis 2020
Sur la période récente, l’INSEE et l’IEDOM observent :
- 2020 : chute générale des marges avec la crise sanitaire, la Martinique tombant à environ 34 % de marge brute globale.
- 2021–2022 : rattrapage rapide avec un retour à 37,7 % en Martinique, dans la moyenne haute des DOM.
- 2023–2024 : stabilisation autour de 37–38 %, avec peu de variations, malgré les tensions logistiques et inflationnistes.
- 2025 (tendance) : maintien prévu dans la même fourchette, sans progression notable, sauf secteurs isolés (logistique, import-export alimentaire).
Les perspectives 2026 misent sur une stabilisation, l’évolution dépendant davantage des gains de productivité et de l’optimisation logistique que de véritables hausses de marge.
Des contraintes structurelles persistantes
L’analyse doit prendre en compte les contraintes propres aux territoires ultramarins :
- Surcoûts logistiques et dépendance aux importations.
- Marchés étroits limitant les économies d’échelle.
- Charges fixes élevées (stockage, distribution, énergie).
- Fiscalité indirecte spécifique (octroi de mer, TVA adaptée).
Ces facteurs expliquent pourquoi, malgré des marges brutes parfois supérieures, la rentabilité nette demeure modeste et en ligne avec l’hexagone. .
La situation des marges en Martinique et dans les Outre-mer ne confirme pas l’image d’entreprises profitant d’une sur-rentabilité abusive. Les chiffres montrent une stabilité proche de l’Hexagone, avec des marges souvent absorbées par les coûts structurels.
L’enjeu pour 2026 reste moins la baisse des marges que l’optimisation des coûts logistiques et le soutien à la production locale, afin d’atténuer l’impact structurel de la vie chère.
Gdc



