Source: site Les crises
La deuxième présidence de Donald Trump, marquée par une dérégulation massive des marchés financiers et un soutien appuyé aux crypto-monnaies, fait peser un risque inédit sur la stabilité économique mondiale. C’est l’analyse de Gerald Epstein, professeur d’économie à l’Université du Massachusetts et spécialiste reconnu des systèmes financiers, qui met en garde contre un « Far West » bancaire susceptible de mener à une crise sans précédent.
Un système financier déjà fragilisé
Depuis la grande crise financière de 2007-2009, les réformes comme la loi Dodd-Frank avaient instauré des garde-fous pour limiter la prise de risque des grandes banques. Mais sous Trump 1.0, puis Trump 2.0, nombre de ces règles ont été assouplies, voire supprimées. Les grandes institutions financières et acteurs du « shadow banking » (banque de l’ombre) ont ainsi retrouvé une marge de manœuvre quasi totale, alimentant opacité, levier excessif et conflits d’intérêts.
Explosion du crédit privé et zones grises réglementaires
Le crédit privé, souvent hors du champ de supervision des régulateurs, atteint aujourd’hui près de 26 000 milliards de dollars, dépassant en volume le secteur bancaire commercial américain. Gérald Epstein souligne que ces structures — sociétés de gestion d’actifs, fonds spéculatifs, capital-investissement — présentent des risques accrus pour la stabilité financière.
Les crypto-monnaies au cœur du système
Les projets de lois GENIUS et CLARITY, soutenus par Trump et plusieurs milliardaires comme Elon Musk, visent à intégrer les crypto-monnaies dans le système financier américain. Cette orientation pourrait transformer les entreprises technologiques en véritables émetteurs monétaires, échappant en grande partie à la régulation publique. Pour Epstein, il s’agit d’une « privatisation du dollar » et d’une ouverture dangereuse vers une finance non régulée.
Un risque global
Si une crise financière d’ampleur comparable à celle de 2008 n’est pas certaine à court terme, Epstein rappelle que même sans effondrement brutal, une finance hautement spéculative et opaque nuit quotidiennement à l’économie réelle : PME, ménages et services publics en pâtissent.
Une issue politique
Pour l’économiste, seule une opposition politique résolue au « trumpisme financier » et aux complicités bipartites pourrait freiner cette dérive. Sans régulation solide, l’économie américaine pourrait glisser vers une instabilité chronique, avec des répercussions mondiales.