Par la Rédaction
Les 24 et 25 juillet, les élus de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) se sont réunis en séance plénière pour examiner 47 dossiers. Deux points ont dominé les débats : le budget supplémentaire 2025 et la réforme des tarifs d’octroi de mer. Après près de vingt heures de discussions, les votes révèlent des fractures persistantes sur la stratégie financière de la collectivité.
Un budget supplémentaire sous contrainte
Le budget supplémentaire 2025 visait à ajuster recettes et dépenses en fonction de la conjoncture économique et des priorités politiques. Défendu par le conseiller exécutif Arnaud René-Corail, il a été adopté par 32 voix contre 6 (Gran Sanblé) et 8 abstentions (A2PN).
Le Conseil économique, social, environnemental, de la culture et de l’éducation de Martinique (CESECEM), par la voix de son président Éric Bellemare, a exprimé un avis réservé. Pointant un déficit de fonctionnement 2024 de 25 millions d’euros — compensé par un résultat cumulé positif —, il a alerté sur « la vulnérabilité financière structurelle » de la CTM, aggravée par la baisse des dotations de l’État (DGF, DCRTP, TVA).
Le CESECEM a également critiqué la dispersion des investissements (79 M€ prévus), jugeant la programmation « insuffisamment lisible » et regrettant le sous-financement de secteurs comme l’environnement, le sport et la vie associative.
Octroi de mer : une réforme inspirée de la Guadeloupe
Autre dossier central : l’actualisation des tarifs de l’octroi de mer, principale ressource fiscale des communes et de la CTM. Inspirée du modèle guadeloupéen, la réforme prévoit d’ajuster certains taux afin de générer environ 28 M€ de recettes supplémentaires : 5 M€ pour la CTM et 23 M€ pour les communes.
La dotation globale garantie (DGG) serait également modifiée pour augmenter la part des recettes réparties à parts égales entre les communes (10 % contre 5 % actuellement). Un fonds de compensation est prévu afin de neutraliser les pertes pour les communes les moins favorisées par la réforme.
Des réserves sur les hypothèses et la répartition
Cette révision a toutefois suscité de vives critiques.
Daniel Marie-Sainte (Gran Sanblé) a dénoncé « l’augmentation des taux après la mise à zéro de l’octroi de mer sur 54 familles de produits », mesure anti-vie chère dont l’efficacité reste, selon lui, invérifiable.
Aurélie Nella (A2PN), maire de Ducos, a exprimé des doutes sur la solidité des prévisions : « Les recettes attendues reposent sur des hypothèses de consommation qui ne sont pas garanties ».
Le président de l’Association des maires, Justin Pamphile, a salué la solidarité affichée envers les petites communes mais averti que « toutes ne sont pas logées à la même enseigne ». Catherine Conconne (LME) a, de son côté, proposé de différer le vote, évoquant des incohérences dans les allocations.
Des votes serrés mais favorables à la réforme
Malgré ces réserves, les trois votes liés à la réforme ont été adoptés :
- Tarifs 2025 de l’octroi de mer : 35 pour, 7 contre, 3 abstentions, 2 non-votes.
- Répartition DGG (10 % aux communes) : 45 pour, 2 contre, 2 abstentions.
- Non-reconduction des aides ACTC et création d’un fonds de compensation : 41 pour, 4 abstentions, 2 non-votes.
En fin de séance : motions unanimes
En conclusion, les élus ont adopté à l’unanimité deux motions : l’une en soutien à la Palestine (présentée par Louis Boutrin), l’autre en faveur de l’éducation (présentée par Jean‑Philippe Nilor).