Dans la nuit du 19 au 20 décembre 1989, les États-Unis lançaient l’opération Just Cause, une intervention militaire massive visant à renverser le général Manuel Noriega, dirigeant de facto du Panama. Officiellement justifiée par la protection de citoyens américains et la défense du traité du canal, l’opération reste l’une des plus marquantes de l’histoire contemporaine de l’Amérique latine.
Un climat de tensions croissantes
Depuis les années 1980, les relations entre Washington et Noriega s’étaient fortement détériorées. Longtemps allié et informateur de la CIA, Noriega est accusé de trafic de drogue, de fraudes électorales et de répression politique.
En 1989, la situation dégénère. Les élections générales, remportées par l’opposition, sont annulées. Les violences contre les manifestants s’intensifient et les incidents se multiplient entre militaires panaméens et ressortissants américains.
Le déclenchement de l’opération
Le 20 décembre 1989, environ 27 000 soldats américains, appuyés par 300 avions et hélicoptères, envahissent le Panama. Washington affirme vouloir protéger ses ressortissants, arrêter Noriega pour trafic de drogue, soutenir l’installation du président élu Guillermo Endara et sécuriser le canal de Panama, vital pour le commerce international.
En quelques jours, les forces américaines s’emparent des points stratégiques, notamment à Panama City et Colón.
La chute de Noriega
Noriega se réfugie à l’ambassade du Vatican. Après plusieurs jours de siège et de pressions, notamment par l’usage de bombardements sonores, il se rend le 3 janvier 1990.
Transféré à Miami, il sera jugé et condamné aux États-Unis pour trafic de drogue et blanchiment d’argent, puis extradé vers la France et enfin au Panama pour purger d’autres peines.
Bilan et conséquences
L’opération laisse un bilan humain lourd, avec un nombre de victimes civiles et militaires estimé de quelques centaines à plusieurs milliers selon les sources. Sur le plan politique, un gouvernement civil est installé sous Guillermo Endara, amorçant la restauration des institutions démocratiques.
Sur le plan diplomatique, l’intervention est condamnée par l’ONU et l’Organisation des États américains, qui la jugent contraire au droit international.
Un précédent controversé
Pour Washington, l’opération Just Cause fut une action de « libération » et un moyen de rétablir la démocratie. Pour ses détracteurs, elle incarne une nouvelle démonstration de l’ingérence américaine en Amérique latine, sous couvert de lutte contre le narcotrafic et de sécurité régionale.
Trente-cinq ans plus tard, l’opération Just Cause reste un épisode controversé. Elle a marqué la fin de la dictature militaire au Panama, mais aussi laissé une empreinte durable dans la mémoire collective, entre traumatisme et transition démocratique.