Le groupe américain Meta, qui possède notamment Facebook et Instagram, a annoncé vendredi qu’il n’autoriserait plus les publicités politiques sur ses plateformes à partir d’octobre dans l’Union européenne, brocardant une nouvelle fois les règles “impraticables” de Bruxelles. Cette décision intervient à deux mois de l’entrée en vigueur du nouveau règlement européen sur la publicité politique, prévu pour octobre 2025.
Meta a multiplié ces derniers mois les critiques contre la législation européenne. En janvier, dans un geste perçu comme un rapprochement avec Donald Trump, Mark Zuckerberg avait accusé l’Union européenne de “censure” en matière de liberté d’expression en ligne. Plus récemment, le Département d’État américain a lui aussi pris position, qualifiant la régulation européenne des plateformes de “mesure orwellienne”, dénonçant une atteinte disproportionnée à la liberté d’expression et à l’innovation technologique.
Adopté en 2024, le règlement européen vise à garantir une plus grande transparence des campagnes numériques à caractère politique, en particulier à l’approche des scrutins électoraux. Il impose aux plateformes de signaler clairement les publicités politiques, d’en indiquer l’origine, le financement et les cibles démographiques, tout en interdisant les publicités venant de pays tiers à destination des électeurs européens pendant les périodes électorales.
Bruxelles justifie cette législation par la nécessité de lutter contre les ingérences étrangères, notamment russes, observées lors des précédentes campagnes électorales en Europe. La Commission européenne maintient que cette régulation est essentielle pour garantir l’intégrité démocratique du continent à l’ère numérique.
Meta, pour sa part, affirme qu’il lui est impossible, dans le court délai imparti, de se conformer à des règles “vagues”, “bureaucratiques” et techniquement complexes, et préfère retirer purement et simplement ce type de contenu plutôt que de risquer des sanctions. Cette décision pourrait toutefois avoir des conséquences importantes pour les partis politiques européens, qui comptent de plus en plus sur les réseaux sociaux pour mobiliser leurs électorats, en particulier les jeunes.
En toile de fond, cette confrontation illustre une fois de plus les divergences croissantes entre l’Union européenne et les géants technologiques américains sur la gouvernance numérique. Alors que Bruxelles s’efforce d’imposer un modèle de régulation fondé sur la responsabilité, la transparence et la souveraineté numérique, les entreprises de la Silicon Valley dénoncent une bureaucratie hostile à l’innovation et au modèle économique fondé sur la publicité ciblée.