Alors que les vacances battent leur plein en Martinique, les professionnels de santé alertent sur un autre phénomène estival : la recrudescence des infections sexuellement transmissibles (IST). Dr Brice Trégan, médecin au CeGIDD, a fait le point sur la situation locale, les comportements à risque et l’importance du dépistage dans le journal France-Antilles
Une infection dominante : les chlamydias
Selon le Dr Trégan, l’infection sexuellement transmissible la plus fréquente en Martinique reste, comme dans l’Hexagone, l’infection à chlamydia. Souvent asymptomatique, surtout chez les hommes, elle passe inaperçue sans dépistage. Pourtant, « cette bactérie peut faire des dégâts si on ne fait rien », prévient-il. Heureusement, elle se traite très efficacement, avec un taux de réussite de 100 %.
Une hausse relative des cas
Si l’on observe une augmentation du nombre de cas de chlamydias sur les trois dernières années, elle s’explique en grande partie par une hausse des dépistages. « Le pourcentage reste stable », précise le médecin. Autrement dit, on dépiste plus, donc on détecte plus — sans qu’il y ait nécessairement explosion du nombre réel d’infections.
Une population concernée : tout le monde
Contrairement à certaines idées reçues, les IST ne touchent pas une seule tranche d’âge ou une orientation sexuelle en particulier. Même si les chlamydias concernent majoritairement les hommes hétérosexuels de moins de 26 ans, « toutes les populations sont concernées », insiste le Dr Trégan. En 2025, des cas de VIH ont été découverts chez des personnes de 21 à 75 ans, hommes et femmes, hétérosexuelles ou homosexuelles.
Le tabou du dépistage reste fort
Le médecin observe toujours un tabou autour des IST, non pas sur la sexualité elle-même, mais sur la prise de risque et ses conséquences. « Certains viennent se faire tester tous les quatre matins, d’autres jamais », note-t-il. Le CeGIDD reste accessible à tous, sans jugement : « Mieux vaut venir trop souvent que pas du tout ».
Un accès au dépistage à renforcer
Même si la Martinique dispose d’une offre de dépistage correcte, celle-ci reste trop centralisée dans la zone Centre de l’île. Des consultations sont organisées à Trinité, mais d’autres secteurs mériteraient d’être couverts. Étendre ces consultations fait partie des projets à venir.
Vacances,, légèreté… et comportements à risque
Les vacances favorisent les mouvements de population, les rencontres, les fêtes… et parfois l’insouciance. L’alcool et les drogues peuvent également induire des rapports sexuels non protégés ou à risque. Le médecin alerte aussi sur un point sensible : le viol et les rapports non consentis, trop fréquents dans certains contextes festifs. Le CeGIDD accueille et prend en charge les victimes avec sérieux et confidentialité.
Des traitements d’urgence disponibles
En cas de rapport non protégé ou de violences sexuelles, plusieurs traitements peuvent prévenir l’infection. Le traitement post-exposition au VIH (trithérapie) est efficace s’il est pris dans les 48 heures. La contraception d’urgence doit être prise dans ce même délai pour être optimale.
Une mobilisation active pendant les vacances
Les mois de vacances sont aussi une période d’intense prévention. Le CeGIDD est présent sur de nombreux événements : la Pride, le Tour des yoles, le Baccha Festival, en partenariat avec AIDES et d’autres structures locales. Objectif : aller au plus près des populations et rendre l’information accessible à toutes et tous.
« On est toujours prêts. S’il faut rester jusqu’à tard, on sera là jusqu’à tard. »