PROCHE-ORIENT•« Affamer les gens à des fins militaires est un crime de guerre », accuse l’ONU
20 Minutes avec AFP
Publié le 22/08/2025 à 11h14 • Mis à jour le 22/08/2025 à 15h54
L’ONU a officiellement déclaré vendredi la famine à Gaza, la première à toucher le Moyen-Orient, après que ses experts ont averti que 500.000 personnes se trouvaient dans un état « catastrophique ». « C’est une famine que nous aurions pu éviter si on nous l’avait permis. Pourtant, la nourriture s’accumule aux frontières en raison de l’obstruction systématique d’Israël », a déclaré le responsable de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, Tom Fletcher.
Après des mois de mise en garde contre une famine dans le territoire ravagé par la guerre, le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un organisme de l’ONU basé à Rome, a confirmé qu’une famine était en cours dans le gouvernorat de Gaza et qu’elle devrait s’étendre aux gouvernorats de Deir el-Balah et Khan Younès d’ici fin septembre.
Israël dénonce un rapport « fabriqué » par le Hamas
« Il n’y a pas de famine à Gaza », a répondu Israël, estimant que le rapport était biaisé, « fondé sur les mensonges du Hamas ». « L’IPC vient de publier un rapport fabriqué « sur-mesure » pour la fausse campagne du Hamas », écrit le ministère israélien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Accusant l’IPC de s’être « détourné de ses propres règles et [d’avoir] ignoré ses propres critères », le communiqué ajoute que « l’ensemble est fondé sur les mensonges du Hamas blanchis par des organisations ayant des intérêts particuliers ».
Une famine qui va s’étendre
Après des mois de mise en garde contre une famine dans le territoire ravagé par la guerre, le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un organisme de l’ONU basé à Rome, a confirmé qu’une famine était en cours dans le gouvernorat de Gaza (Gaza City) et qu’elle devrait s’étendre aux gouvernorats de Deir el-Balah et Khan Younès d’ici fin septembre.
Le gouvernorat de Gaza représente environ 20 % de la bande de Gaza en superficie. Si l’on ajoute ceux de Khan Younès (29,5 %) et Deir el-Balah (16 %), on arrive à 65,5 %, soit environ les deux tiers de la superficie totale de la bande de Gaza, un territoire pauvre de 365 km2 où s’entassent plus de deux millions de Palestiniens.
Un manque extrême de nourriture
Selon des experts de l’ONU, plus d’un demi-million de personnes à Gaza affrontent des conditions « catastrophiques », le niveau de détresse alimentaire le plus élevé de l’IPC, caractérisé par la famine et la mort. Ce chiffre, basé sur informations recueillies jusqu’au 15 août, devrait monter à presque 641.000 d’ici fin septembre.
Selon l’IPC, il s’agit de la détérioration la plus grave de la situation depuis le début de ses analyses dans la bande de Gaza. Pour l’IPC, une famine est en cours lorsque trois éléments sont réunis : au moins 20 % des foyers (un sur cinq) doivent affronter un manque extrême de nourriture, au moins 30 % des enfants de moins de cinq ans (un sur trois) souffrent de malnutrition aiguë, et au moins deux personnes sur 10.000 meurent de faim chaque jour.
Blocage complet de l’aide humanitaire
Cette situation est le résultat de l’escalade du conflit ces derniers mois, qui a entraîné des déplacements massifs de population combinés à des accès restreints aux approvisionnements alimentaires causés par Israël. Début mars, Israël a totalement interdit l’entrée des aides à Gaza, avant d’autoriser fin mai l’acheminement de quantités très limitées, entraînant de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant.
Israël, qui contrôle tous les accès à Gaza, accuse le Hamas de piller les aides, ce qu’il nie, et les organisations humanitaires de ne pas les distribuer. Mais celles-ci ont affirmé qu’Israël imposait des restrictions excessives et jugé très dangereux de distribuer l’aide en pleine guerre.



