La Première ministre Kamla Persad-Bissessar a réitéré le ferme soutien de son gouvernement au déploiement de la marine américaine près du Venezuela, déclarant que la politique étrangère et intérieure de Trinité-et-Tobago sera guidée par une approche « Trinité-et-Tobago d’abord » pour les cinq prochaines années.
L’administration Trump a présenté ce déploiement comme faisant partie d’une mission de lutte contre les narcotiques ciblant les cartels latino-américains, notamment le Tren de Aragua vénézuélien et le cartel de Sinaloa au Mexique, qu’elle accuse d’alimenter la crise du fentanyl aux États-Unis. Des responsables de la Maison Blanche ont déclaré que l’opération visait à intercepter des navires de contrebande, à recueillir des renseignements et, potentiellement, à mener des frappes de précision contre les infrastructures liées aux cartels. Le président Trump a désigné plusieurs cartels comme organisations terroristes étrangères, ouvrant la voie à une action militaire renforcée dans le cadre de la lutte antiterroriste.
Dans une déclaration détaillée au Guardian Media, Persad-Bissessar a défendu sa position face aux critiques des dirigeants régionaux et des figures de l’opposition, soulignant que les États-Unis disposent de la capacité opérationnelle nécessaire pour démanteler les réseaux transnationaux de trafic de drogue et d’armes. Elle a affirmé que la coopération avec Washington vise à protéger, et non à affaiblir, la région des Caraïbes.
« Ce pays n’a aucune raison de consulter la Caricom sur des questions intérieures », a-t-elle déclaré, évoquant l’impact disproportionné de l’immigration clandestine, du trafic de stupéfiants et d’armes à feu en provenance du Venezuela sur Trinité-et-Tobago. Elle a ajouté : « Des milliers de nos citoyens ont été assassinés au cours des 25 dernières années. Hier encore, une retraitée de 65 ans a été violée, très probablement par un immigré clandestin. »
Persad-Bissessar a rejeté les allégations selon lesquelles sa position aurait fragilisé l’unité de la Caricom, soulignant que plusieurs États membres affiliés à l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) – dont Sainte-Lucie, Saint-Vincent, la Grenade et la Dominique – avaient déjà exprimé leur soutien au président vénézuélien Nicolás Maduro et condamné les actions américaines. Bien que la Dominique soit membre de l’ALBA, le Premier ministre Skerrit lui-même n’a pas commenté publiquement la question.
« L’unité de la Caricom était déjà brisée avant mes commentaires », a-t-elle déclaré. « Je ne m’excuse pas de lutter fermement contre le narcotrafic et le trafic d’armes. Je ne m’excuse pas de défendre un voisin de la Caricom, le Guyana, qui est menacé. Et je ne m’excuse pas de privilégier les intérêts de Trinité-et-Tobago. »
Ses propos ont suscité de vives critiques de la part de l’ancien Premier ministre, le Dr Keith Rowley, qui a qualifié son avertissement adressé au Venezuela concernant le Guyana de « déclaration de politique étrangère la plus irresponsable depuis des années ». L’ancien ministre des affaires étrangères, le Dr Amery Browne, l’a également accusée de « saboter » la capacité de la Caricom à présenter un front uni.
Pendant ce temps, les États membres de l’ALBA se sont réunis virtuellement pour leur 13ᵉ Sommet extraordinaire, adoptant une déclaration commune condamnant ce qu’ils ont décrit comme une « nouvelle agression des États-Unis contre l’Amérique latine et les Caraïbes ». Le groupe a réaffirmé son engagement envers la Proclamation de la CELAC de 2014 faisant de l’Amérique latine et des Caraïbes une Zone de paix et a exprimé son plein soutien au président Maduro.
Les dirigeants de l’ALBA ont rejeté les accusations américaines contre le gouvernement vénézuélien, les qualifiant de « sans fondement » et de « mythomaniaques », et ont condamné le blocus économique en cours contre Cuba. L’alliance a également soutenu l’appel du président de la Colombie en faveur d’une réunion d’urgence des ministres des affaires étrangères de la région afin de coordonner une réponse souveraine face aux menaces perçues.
Le gouvernement vénézuélien a réagi au déploiement militaire américain — comprenant trois navires de guerre transportant 4 500 militaires — en le qualifiant de manœuvre déstabilisatrice. Dans son communiqué, le Venezuela a promis une approche pacifique et a souligné son attachement à la souveraineté et à la prévention de la criminalité sans ingérence étrangère.
Le président Maduro a mobilisé plus de 4,5 millions de membres de la milice en réponse, rejetant les accusations américaines de trafic de drogue liées au prétendu « Cartel des Soleils » et qualifiant la campagne américaine de tentative « désespérée » pour justifier une intervention.
La Chine s’est également exprimée, par la voix de la porte-parole du ministère des affaires étrangères, Mao Ning, déclarant que Pékin s’oppose à toute action violant la Charte des Nations unies ou menaçant la souveraineté d’autres nations. La Chine a exhorté les États-Unis à adopter des mesures favorisant la paix et la stabilité dans la région.
La Russie n’a pas publié de déclaration officielle concernant ce déploiement, mais les analystes soulignent que l’ampleur et la proximité des forces américaines près du Venezuela ravivent le spectre d’une confrontation avec Moscou, qui a historiquement soutenu le gouvernement Maduro.