Aux dernières nouvelles, la tenue d’un Congrès des élus de la Martinique prévu le 25
septembre prochain, serait finalement reportée à une date ultérieure. Il semble que les
évènements nationaux, l’instabilité politique liée à la demande du vote de confiance par
le 1er Ministre bouscule l’agenda local. On ne peut que se réjouir tant la déconnection des élus locaux avec le réel et les préoccupations des martiniquais semble évidente !
Là où les martiniquais veulent des réponses concrètes face à leurs problèmes
quotidiens : l’eau, les transports, la vie chère, le chômage, l’éducation, les sargasses, …
nos élus répondent invariablement, « Donnez-nous un pouvoir normatif, c’est-à-dire celui
d’édicter nos propres lois dites lois pays afin de tenir compte de nos réalités locales ! ».
En un mot, c’est la question de l’autonomie qui est réclamée par la majorité de nos élus
de la CTM.
Après la décentralisation de 1982 qui a accordé à nos territoires des compétences
nouvelles pour les développer, nous avons vu la Loi de juillet 2011 créant la Collectivité
unique, dotée de nouvelles compétences, succédant au Conseil Général et au Conseil
Régional. Rien n’y fait ! Nos élus persistent et signent ! Il faut se souvenir qu’ils furent le
bras armé de l’écriture de ce nouvel organe institutionnel. Les rédacteurs de cette loi
funeste pour la Martinique, ce sont eux !!
J’appartiens aux 32% de Martiniquais qui ont refusé alors la création de la CTM à l’issue
de la consultation de 2010, consultation où l’exercice de la démocratie n’a joué que pour
les partis politiques locaux unanimement acquis au OUI.
Démocratie du reste continuellement malmenée dans cette loi, par le mode de scrutin
retenu, qualifié par feu Edouard De Lépine, cacique du PPM d’une grande clairvoyance,
« d’obscénité politique », « avec un mode de fonctionnement garantissant pour six ans la
stabilité d’une démocratie croupion ! ». Cette loi de juillet 2011, a mis à mort la
représentation des cantons, donc des communes qui constituaient le noyau dur de la
démocratie territoriale. D’autres grands noms de gauche, autonomistes éclairés, tels
Rodolphe Désiré ancien Sénateur Maire du Marin ou encore Jean Crusol ancien
parlementaire européen, ont dénoncé la mise à mal de la démocratie induite dans le
texte.L’objectif assumé de cette loi portant création de la CTM, était de donner plus de
responsabilités et autres compétences, de pouvoirs aux élus pour traiter plus
e_icacement les a_aires locales.
Aujourd’hui, avec le recul et bientôt dix ans d’exercice de cette jeune institution, dirigée
à tour de rôle par les indépendantistes et les autonomistes, la situation de la Martinique
ne s’est pas améliorée.
Pire, l’incapacité à résoudre les problèmes des martiniquais, à
établir un plan de développement économique performant, à régler les problèmes de
l’eau, de la cherté de la vie, du transport, … est consternant. S’ajoute désormais un fléau
majeur, la question du narcotrafic qui brise tous les codes de la société, endeuille
fortement les familles et fauche notre jeunesse.
Pour régler ces questions essentielles, existentielles, l’exécutif de la Martinique ne jure
que par une énième demande d’évolution institutionnelle !!!
Le Modem Martinique considère cette question comme non prioritaire. Cette demande
de plus de pouvoir local présente des risques sérieux pour la démocratie. Pour les
mêmes raisons qui nous avaient fait rejeter la création de la CTM, lors de la consultation
de 2010, nous sommes réservés à confier un pouvoir absolu à un individu, un parti ou
une majorité élue sur un mode d’élection aussi contestable, aussi peu représentatif des
territoires et surtout … sans réel contre-pouvoirs !
Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui regrettent leur choix de 2010 parmi les élus ! La
perte notamment du conseil général d’une part qui exprimait la position des cantons
donc des communes, son mode d’élection qui conférait une véritable légitimité à l’élu
local ; d’autre part, La fusion des personnels des deux instances n’a pas été pensée
financièrement et ce manque de prévoyance grève et pèse sur le budget de la CTM. Deux
échecs patents, prévisibles encore une fois, et cependant, les embauches continuent !
En dépit de cela, la demande de plus de pouvoirs persiste chez nos élus, obsédés par
une volonté de pouvoirs ! Pour quel résultat économique, social et sociétal ?
Le Modem Martinique veut verser au débat public, un sondage réalisé à sa demande, en
août 2025, auprès de la population martiniquaise, si souvent oubliée dans ces débats qui
pourtant la concernent au premier chef.
Trois questions ont été posés à la population martiniquaise sur :
1- Quelle perception de la situation générale en Martinique ?
2-Le Climat de confiance pour l’avenir de la Martinique ?
3-,Un changement de Statut pour résoudre les problèmes de la Martinique ?
Les résultats sont éloquents.1) À 72%, les Martiniquais considèrent que la situation générale va en se dégradant.
Dans toutes les catégories sociales et d’âge, les résultats sont édifiants.
2) Quant au climat de confiance, 68% de la population martiniquaise exprime son
scepticisme, sa crainte en l’avenir de notre territoire. A une très large majorité, nos
compatriotes expriment leurs doutes sur l’évolution positive de la Martinique.
3) À la question d’un éventuel changement de Statut pour résoudre les
problèmes de la Martinique, soit la question phare, considérée comme
majeure par nos élus, et qui justifie la tenue d’un Congrès, la population
martiniquaise dans son ensemble considère à 56% qu’elle souhaite
conserver ses relations telles qu’elles sont avec la République.
Pour finir, la question qui fâche porte sur la confiance que nos concitoyens accordent à
nos élus territoriaux, pour assumer des responsabilités plus grandes, si l’on changeait de
Statut, voire si on allait vers l’autonomie. La réponse est une défiance envers nos élus
à 68% ! Dès lors, la position du Mouvement Démocrate Martinique sort confortée par ce
récent sondage.
Au moment où la vie est chère en Martinique, comme dans tout l’outre-mer, dans toute
la Caraïbe, où le contexte international est anxiogène avec une augmentation des droits
de douane imposée par les États Unis, où le CARICOM, ,
comment prendre le risque de réclamer d’un État en faillite une autonomie de gestion ?
Selon nous, c’est faire courir deux risques réels à la population martiniquaise :
• L’un national, au moment où les populistes, les extrêmes sont de plus en plus
majoritaires en France, qu’ils considèrent que l’heure est venue de donner aux
autonomistes ce qu’ils réclament. Et, qui dit Autonomie dit capacité à s’auto-
gérer ! Qui peut croire que cela suffira ?
• Le deuxième péril étant le risque de voir l’État remettre en cause les spécificités
locales, les avantages des fonctionnaires, telle la prime de 40% ! Que deviendra
alors la dette abyssale de la CTM ? Dès lors, la vie sera-t-elle moins chère ? Toute
cette situation économique obligera nos élus à voter comme en juillet dernier une
nouvelle augmentation de taxes.
Gouverner c’est choisir et prévoir ! Ni la défiance éventuelle demain à l’Assemblée
nationale, ni l’autonomie localement, ne réduirons la Dette. Commençons par respecter
le choix des martiniquais !
Max ORVILLE Ancien Député européen