Pour la première fois depuis quarante ans, les remontées d’eau froide au large du Panama — appelées upwelling — n’ont pas eu lieu. Or, ces remontées sont essentielles : elles transportent vers la surface des nutriments venus des profondeurs océaniques, permettant le développement du phytoplancton, point de départ de toute la chaîne alimentaire marine.
Un phénomène inédit et préoccupant
Habituellement observé chaque été dans l’est du Pacifique tropical, l’upwelling est déclenché par les alizés qui poussent les eaux chaudes de surface vers le large, laissant remonter des eaux profondes plus froides et riches en nutriments. Les scientifiques n’avaient jamais enregistré de rupture aussi nette depuis les années 1980. Selon les premières analyses, ce blocage pourrait être lié à une combinaison de facteurs : la variabilité climatique naturelle, le réchauffement global des océans et la transition entre les cycles El Niño et La Niña.
Des impacts en cascade sur l’écosystème
Sans nutriments, le phytoplancton ne peut se développer, ce qui fragilise toute la chaîne alimentaire : zooplancton, poissons pélagiques, oiseaux marins et mammifères marins. Les premiers relevés montrent déjà une chute significative des concentrations de chlorophylle, indicateur de la biomasse planctonique. Si le phénomène devait perdurer, les stocks de poissons — sardines, thons, maquereaux — pourraient s’effondrer localement.
Les pêcheurs en première ligne
Au Panama, des milliers de familles dépendent de la pêche artisanale et côtière. La disparition soudaine de l’upwelling menace directement leurs revenus et leur sécurité alimentaire. « Nous n’avions jamais vu une mer aussi pauvre à cette saison », témoigne un pêcheur de la province de Los Santos. Les autorités panaméennes envisagent déjà des mesures de soutien d’urgence, mais la question reste entière : s’agit-il d’une anomalie temporaire ou du signe avant-coureur d’une rupture durable ?
Un signal du changement climatique ?
Les chercheurs appellent à la prudence mais soulignent que les upwellings font partie des mécanismes océaniques les plus sensibles au réchauffement climatique. Leur affaiblissement est observé dans d’autres régions du globe, de la Californie au golfe de Guinée. Si la tendance devait se confirmer, cela marquerait une transformation profonde des équilibres marins et côtiers, avec des répercussions économiques, sociales et écologiques considérables.



