Après l’agence Fitch début septembre, c’est au tour de Morningstar DBRS d’abaisser la note de la France. Un double avertissement qui fragilise encore la trajectoire budgétaire de l’exécutif et accroît la pression à l’approche d’un budget 2026 décisif.
Un signal doublement négatif
Le 19 septembre, l’agence de notation canadienne Morningstar DBRS a abaissé la note souveraine de la France de AA+ à AA, assortie d’une perspective « stable ». Quelques jours plus tôt, Fitch avait déjà rétrogradé la note française à A+. Deux coups de semonce qui traduisent les inquiétudes des marchés face à la dérive des finances publiques.
La France a enregistré en 2024 le déficit le plus élevé de la zone euro, à 5,8 % du PIB, et une dette publique dépassant 3 300 milliards d’euros (près de 111 % du PIB). La Banque de France prévoit un déficit ramené à 4,9 % en 2026, mais les agences jugent cette trajectoire « trop lente et incertaine », dans un contexte de croissance molle et de blocage parlementaire.
Des conséquences financières lourdes
Chaque abaissement de note accroît le risque d’une hausse des taux d’intérêt exigés par les investisseurs. Déjà, le service de la dette française a atteint 51 milliards d’euros en 2024, et pourrait grimper de plusieurs milliards supplémentaires si les conditions de financement se durcissent.
Une troisième dégradation par Moody’s ou S&P Global placerait la France dans un palier inférieur, réduisant encore son attractivité pour les grands fonds internationaux. Or, les investisseurs asiatiques et du Golfe détiennent une part importante de la dette française : leur confiance est déterminante.
L’Europe en ligne de mire
Ces dégradations interviennent alors que la France plaide pour une réforme assouplie du Pacte de stabilité européen. Avec un déficit bien au-delà de la barre des 3 %, Paris voit sa crédibilité affaiblie pour convaincre ses partenaires, notamment l’Allemagne et les Pays-Bas, de la nécessité de règles plus flexibles.
Un test politique majeur
Cette double sanction des agences de notation révèle la vulnérabilité de l’économie française et l’étroitesse de la marge de manœuvre budgétaire. Elle place le gouvernement dans une position périlleuse : rassurer les marchés financiers sans provoquer une explosion sociale, tenir la ligne européenne sans perdre la confiance des investisseurs.
Dans un tel contexte, la phrase d’un haut responsable européen résonne comme une mise en garde : « La France reste un pilier de la zone euro, mais un pilier fragilisé ne soutient pas indéfiniment la maison commune. »