En réponse, les gouvernements ont promis de placer les personnes au cœur du développement mondial. Ils ont reconnu que la justice sociale doit être le socle du progrès économique si l’on veut que ce progrès soit durable. Cela signifie garantir à chacun, quel que soit son genre, sa nationalité, son origine ou son lieu de naissance, le droit de vivre dans la dignité, avec des chances égales de travailler, de s’épanouir et de réussir. Les sociétés fondées sur l’équité fonctionnent mieux, inspirent davantage de confiance et se renforcent.
Le consensus issu du Sommet est devenu la pierre angulaire de l’Agenda des Nations unies pour le développement durable et de ses 17 Objectifs de développement durable (ODD). Depuis 2015, les ODD constituent la feuille de route pour parvenir à un monde juste, pacifique et durable. Leur réalisation a été fixée à l’horizon 2030.
Depuis ce premier Sommet, notre monde a changé, souvent pour le mieux. Un nouveau rapport de l’OIT, L’état de la justice sociale, montre que l’extrême pauvreté est passée de 39 % à 10 % de la population mondiale. Le travail des enfants de moins de 14 ans a été réduit de moitié et, pour la première fois dans l’histoire, plus de la moitié de la population mondiale bénéficie d’une forme de protection sociale, telle qu’une pension de retraite ou une assurance chômage.
Mais malgré des décennies d’efforts, le rapport souligne que d’importantes disparités subsistent. Le lieu de naissance détermine encore plus de la moitié des revenus perçus au cours d’une vie. Dans le monde, plus de 800 millions de personnes vivent avec moins de trois dollars par jour. C’est pourquoi l’atteinte des cibles fixées pour 2030 dans le cadre des ODD est compromise. Ainsi, pour l’ODD 8 sur le travail décent et la croissance économique, nous accusons un sérieux retard, n’ayant atteint que deux tiers – soit 66 % – des indicateurs.
Si nous souhaitons améliorer les conditions de vie de tous et parvenir à la justice sociale, il est crucial d’accélérer la réalisation des ODD. Le travail décent est un élément clé qui contribue à relier les ODD, car il ne se résume pas à gagner sa vie : il est un indicateur de notre performance sociale globale, incluant la santé, l’éducation, l’égalité et la consommation et la production responsables. Un travail productif, rémunéré équitablement, sûr, équitable et inclusif, librement choisi et assorti de droits, est synonyme de justice sociale.
Mais le travail décent ne se produit pas spontanément. L’histoire montre que, sans institutions solides, les gains de productivité ne se traduisent pas par une vie meilleure. Les institutions renforcent les droits humains fondamentaux, tels que le droit à l’éducation et à un environnement sain, et garantissent l’égalité des chances, une répartition équitable et la possibilité pour les travailleurs comme pour les employeurs de s’exprimer. Le dialogue social est le moyen le plus efficace de concilier les intérêts des travailleurs et des employeurs et de contribuer à une croissance équitable.
Nos institutions sont actuellement mises à l’épreuve. Trois transitions majeures transforment le monde du travail partout dans le monde : l’impact d’un réchauffement climatique et la transition vers une économie plus verte, la révolution numérique et l’évolution démographique. Ces transformations créent de nouveaux emplois et en détruisent d’anciens. Elles sont susceptibles d’offrir de nouvelles opportunités, mais elles risquent aussi de creuser les fractures existantes.
La manière dont ces changements se produiront dépend en grande partie des choix que font les sociétés aujourd’hui.
En novembre 2025, le deuxième Sommet social mondial se tiendra à Doha. Ce rassemblement mondial réunira à nouveau des représentants des gouvernements, des travailleurs, des employeurs et de la société civile, trois décennies et demie après le premier Sommet. Il représente un moment crucial pour concrétiser les engagements passés. Nous devons réaffirmer la promesse faite à Copenhague : la justice sociale et le développement économique inclusif sont l’affaire de tous et dans l’intérêt de tous. Mais surtout, nous devons agir avec détermination. La Coalition mondiale pour la justice sociale, dirigée par l’OIT, offre une plateforme pour nous aider à avancer dans la bonne direction. Elle rassemble déjà les gouvernements, les organisations d’employeurs et de travailleurs, ainsi que d’autres partenaires, afin d’accélérer l’action et la coopération en faveur de la justice sociale et d’un travail décent pour tous.
Si nous réussissons, nous pourrons contribuer à lier productivité économique et progrès social. Car, en fin de compte, la justice sociale n’est pas un idéal inaccessible. C’est la seule voie vers un avenir durable pour nous tous.