24 septembre 2025 Droits de l’homme
Le racisme systémique à l’encontre des Africains et des personnes d’ascendance africaine dans les systèmes pénaux à travers le monde est omniprésent et profondément ancré, a déploré mercredi dans un nouveau rapport, le Mécanisme international indépendant d’experts des Nations Unies pour promouvoir la justice raciale et l’égalité dans l’application des lois.
La surreprésentation des personnes d’ascendance africaine dans les prisons et les centres de détention de nombreux pays est à la fois une conséquence et un symptôme des préjugés systémiques dans les systèmes pénaux, indique le rapport.
Le document pointe du doigt ces « stéréotypes raciaux », qui dépeignent à tort les Africains et les personnes d’ascendance africaine comme des criminels par nature. « Cela influence non seulement les décisions individuelles de la police, des juges et des procureurs, mais fausse également l’ensemble des systèmes judiciaires », fustige le rapport.
Risques d’aggravation le contexte mondial actuel
« Toutes ces violations risquent fortement de continuer à s’aggraver dans le contexte mondial actuel », a déclaré Akua Kuenyehia, présidente du Mécanisme d’experts.
Selon les enquêteurs indépendants onusiens, la discrimination à l’égard des Africains et des personnes d’ascendance africaine commence dès les premières étapes du processus pénal, à travers le profilage racial, la surveillance, le contrôle policier excessif, le ciblage injustifié, l’utilisation d’armes moins létales et d’armes à feu, l’usage excessif de la force par les forces de l’ordre, ainsi que la détention provisoire.
Des recherches montrent qu’au Canada, les Africains et les personnes d’ascendance africaine font l’objet d’un nombre disproportionné de contrôles et de fouilles policiers. Ils sont finalement surreprésentés dans les arrestations liées à des infractions mineures qui impliquent un niveau élevé de discrétion policière.
En Suède, plus de la moitié des citoyens d’origine africaine ont été contrôlés par la police au cours des cinq dernières années en raison de leur origine ethnique ou de leur statut d’immigrant.
Recommandations
Face à ce racisme systémique, le rapport identifie douze éléments clés nécessaires aux systèmes de justice pénale pour éliminer le racisme et la discrimination à l’égard des personnes d’ascendance africaine.
Ces éléments comprennent l’élimination des violations telles que le profilage racial ou la discrimination dans l’accès à la libération sous caution et à la libération conditionnelle, ainsi que des questions fondamentales telles que l’utilisation de données ventilées et la diversité ainsi que la représentation équitable des Africains et des personnes d’ascendance africaine dans l’ensemble de la chaîne judiciaire.
« Les origines historiques de nombreuses institutions juridiques et chargées de l’application de la loi – créées pendant la domination coloniale ou ancrées dans des systèmes d’oppression raciale – continuent de façonner les pratiques contemporaines », indique le rapport. « Ces disparités s’inscrivent dans un schéma de racisme institutionnel ancré dans l’héritage durable du colonialisme, de l’esclavage et de la ségrégation. »
Le Mécanisme d’experts présentera son rapport au Conseil des droits de l’homme le 1er octobre 2024 dans la salle des assemblées du Palais des Nations à Genève, en Suisse.