Cayman compass
Pendant des années, j’ai navigué entre Hollywood et les îles Caïmans, deux mondes fascinants où les eaux turquoise et la chaleur humaine m’ont toujours fait me sentir chez moi. Ce contraste avec l’univers souvent impitoyable du divertissement – où l’on est jugé sur son dernier succès – a façonné ma vision des choses essentielles.
Les récents incendies de forêt ont révélé une vérité essentielle : dans l’adversité, les véritables intentions d’autrui se dévoilent. En période de prospérité, il est aisé de se faire des admirateurs et des amis, surtout lorsqu’on peut leur offrir des opportunités – qu’il s’agisse d’un accès privilégié, d’un investissement, d’un séjour offert dans sa propriété locative, ou même de choses aussi simples que des billets pour un concert ou un festival. L’énergie et la camaraderie qui s’en dégagent peuvent être grisantes. Cependant, lorsque les difficultés surgissent et qu’il n’est plus possible d’offrir des opportunités, la donne change radicalement.
Tandis que certains amis sincères s’empressent d’apporter leur soutien, d’autres peuvent se retirer, et ce contraste entre camaraderie authentique et opportunisme superficiel ne m’a jamais paru aussi évident qu’au cours des dix derniers mois. Cette expérience m’a ouvert les yeux sur la fragilité des relations dans notre monde moderne et sur l’importance de cultiver de véritables liens, fondés sur un amour inébranlable, l’empathie et le respect mutuel.
Je suis pleinement conscient que de nombreux membres de la communauté des îles Caïmans sont confrontés à de graves difficultés, peinant à se nourrir ou même à pouvoir vivre dans le pays qu’ils considèrent comme leur foyer depuis leur naissance. Si mon propre parcours, marqué par la perte de ma maison, de mes ressources et de relations superficielles, m’a apporté de précieux enseignements, il est important de reconnaître que mon expérience est loin d’être aussi difficile que les épreuves que vivent quotidiennement de nombreuses familles locales. C’est pourquoi j’encourage les organisations des secteurs public et privé à privilégier l’empathie à l’opportunisme et la bienveillance au profit.
Alors que j’entame ce nouveau chapitre de ma vie, loin des projecteurs et des réseaux sociaux, je réalise l’importance du soutien et de la solidarité. C’est dans les moments les plus difficiles que nous devons nous unir pour nous entraider. Cultivons un environnement où l’empathie s’épanouit, où nous choisissons de soutenir nos semblables plutôt que de médiser ou de nous dénigrer.
Les leçons tirées de la perte sont profondes. Si je ne souhaite à personne la douleur de perdre sa maison, sa stabilité financière ou ses amis, je suis reconnaissante de la lucidité qu’elle m’a apportée. Le mois de janvier a bouleversé ma vie, coïncidant avec la sortie de mon autobiographie – un récit de vie à la quarantaine qui a touché de nombreux lecteurs. Bien que la parution de mon livre en février ait été un moment doux-amer, elle a été l’occasion idéale de mettre fin à une vie très publique et d’en reconstruire une très privée.
Aujourd’hui, pour mon pays et ma communauté, je vous invite à réfléchir à vos relations. Sont-elles fondées sur des liens authentiques, indéfectibles et fidèles, ou bien guidées par l’intérêt ? À l’avenir, efforçons-nous d’être présents les uns pour les autres avec sincérité : écoutons sans jugement, offrons notre soutien et faisons preuve de compassion lorsque nous en avons le plus besoin.
Faisons preuve d’empathie, cherchons la vérité avant de juger, et souvenons-nous que derrière chaque gros titre ou chaque commérage se cache une personne réelle, portant elle aussi ses propres fardeaux. Si nous avons déjà été en contact ou si mon livre vous a touché, pensez à faire preuve de bienveillance à votre tour – non seulement en paroles, mais aussi en actes. Prenez des nouvelles de quelqu’un, offrez votre soutien ou choisissez la gentillesse lorsque juger semble plus facile. La véritable guérison – personnelle et collective – commence toujours par la compassion. Elle commence avec Caymankind.
Jason Felts a cofondé la Commission du film des îles Caïmans en 2009 et a ensuite joué un rôle déterminant dans l’organisation du festival de musique et d’arts KAABOO aux îles Caïmans en 2019. Il est auteur, entrepreneur et ancien PDG de deux des sociétés Virgin de Richard Branson.



