La grosse machinerie qu’est la centrale d’EDF à la pointe des Carrières est à l’arrêt. Enfin pas tout à fait. Un de ses moteurs, le PJ2 est à l’arrêt pour une massive révision pour deux mois. Cette visite technique exceptionnelle s’opère tous les 7 à 8 ans afin de fiabiliser le moteur.
Le site est en pleine maintenance lourde. Ces travaux permettent de fiabiliser le moteur à l’arrêt et « indispensable à l’approvisionnement énergétique du territoire », explique Anthony Kolak, directeur du site de production de la pointe des Carrières. Le directeur souligne que d’autres moyens de fourniture d’énergie sont mis en œuvre pour compenser l’arrêt du moteur PJ2 et assure que ces travaux de maintenance n’auront aucune incidence sur les clients EDF.
La centrale est une véritable fourmilière. En tant normal, 90 agents y travaillent 24 heures/24 et 7 jours/7.
Il existe trois grandes centrales dans le territoire. Une à Bellefontaine qui produit 40% de la production tandis que celle de la pointe des Carrières en produit 30% puis Albioma, au Galion qui elle est à 20%.
Le site de la pointe des Carrières à Fort-de-France a près de 50 ans. « Il y a eu tout un tas d’énergie de moteurs diesel qui ont évolué », explique Anthony Kolak. Pour autant, les enjeux environnementaux pèsent sur la centrale foyalaise. Première obligation : être en conformité avec les critères de l’arrêté préfectoral. Les moteurs diesel utilisés par EDF datent de 1996 et comptent 190 000 heures de marche. « En termes d’équivalent, c’est comme si une voiture avait 300 000 km au compteur. » Il s’agit du moyen meilleur marché du territoire. « Dès qu’il est disponible, il est appelé par le réseau martiniquais. » L’équipe n’est pas peu fière de ces moteurs. Elle aime à préciser qu’ils sont uniques au monde. Mensurations: 13 mètres de haut. 1700 tonnes « l’équivalent de quatre Airbus ». La centrale compte en son sein un terminal pétrolier pour accueillir le combustible pour alimenter les machines. 50 navires par an accostent à ce quai. Côté chiffres toujours, la
centrale roule sur un budget de fonctionnement à 30 millions d’euros et 50 millions d’euros par an sont dépensés en achat de combustible.
Depuis 2023, un programme de prolongation a été lancé pour allonger la durée de vie des moteurs qui approchent des 30 ans. « L’idée, c’est que les moteurs diesel tiennent au minimum jusqu’à 2035. »
Or comme pour celui d’une voiture, les moteurs de la centrale doivent être révisés. La révision s’effectue directement sur site. Nom de cette méga révision : la Z4. Elle dure deux mois et a nécessité un an de préparation. « C’est là où l’on fait le plus grand nombre de travaux. »
En plus de ses propres agents, pour effectuer ces travaux, EDF a fait appel à de la main-d’œuvre extérieure venant de l’Hexagone notamment mais employant de la main-d’œuvre locale. Elles sont au nombre de 26 dont 16 entreprises locales. 220 personnes sont mobilisées.
Devant l’immense moteur d’une hauteur de plusieurs mètres à l’arrêt, ses pistons sont disposés à même le sol, prêts à être révisés. « On va changer six têtes de pistons et deux tiges. » Ce n’est pas la seule opération du genre. En tout, 400 opérations vont être menées au cours de ces deux mois d’arrêt. « On fait tout ce qu’on peut pour réduire les temps d’intervention. Les entreprises s’adaptent ainsi que nos agents en changeant leur amplitude horaire. Ils se travaillent en relais matin après midi et nuit jusqu’au samedi. » Le moteur est presque entièrement démonté. Il ne reste que le bloc-moteur, son vilebrequin et son arbre à cames. Tout comme l’alternateur complètement ouvert en vue de sa maintenance laissant apparaître ses gros aimants.
Dès la mi-novembre, les activités de révisions devraient être achevées.
Que va-t-il advenir de ces moteurs après 2035 ? « Un moteur a une espérance de vie de 40 ans. Or c’est l’âge qu’ils auront en 2035. » Le directeur de la centrale donne une indication sur le possible devenir de ces machines. « On a comme étude dans les cartons de convertir au bioliquide ces moteurs avec un combustible vert produit à base de colza transformé en France. »
La centrale de pointe des Carrières recevra des scolaires fin novembre pour faire connaître son activité et créer des vocations.
Laurianne Nomel