Des fournitures essentielles sont en cours de distribution à travers la Jamaïque, l’aide parvenant enfin aux zones les plus touchées plusieurs jours après le passage dévastateur de l’ouragan Melissa sur une grande partie de l’île.

Les autorités mettent désormais en garde les résidents contre les risques post-ouragan tels que les maladies transmises par l’eau, les intoxications alimentaires et l’augmentation de l’activité des moustiques.

Alors que certains quartiers ont été durement touchés par la tempête, d’autres l’ont été moins, et certaines écoles ont déjà pu rouvrir leurs portes. Le gouvernement jamaïcain a indiqué que la décision de rouvrir les écoles est prise localement, mais le ministre de l’Éducation, Dana Morris Dixon, a encouragé une réouverture rapide afin d’aider les enfants à reprendre leurs habitudes et à surmonter le traumatisme.

Elle a ajouté que cela s’applique à l’ensemble du pays, en déclarant : « Plus vite nous surmonterons cette épreuve, mieux ce sera pour nous à long terme. »

Elle a déclaré qu’un sentiment de « traumatisme national » se faisait sentir dans tout le pays et que de nombreuses personnes auraient besoin de soutien pour le surmonter, ajoutant : « Je pense que nous traversons tous un traumatisme collectif. »

Risque de maladie

L’aide, comprenant nourriture, eau, couvertures, médicaments et autres articles essentiels, est acheminée avec acharnement par les secouristes, dont le travail est entravé par des routes bloquées et des glissements de terrain. Des hélicoptères larguent de la nourriture dans des communautés inaccessibles par véhicule ou à pied.

Plusieurs jours après le passage de la tempête, les habitants ont parcouru des kilomètres à pied à la recherche de produits de première nécessité et pour prendre des nouvelles de leurs proches, alors que plus de 60 % de l’île était toujours privée d’électricité.

Dans certaines régions, il a été rapporté que des habitants puisaient de l’eau de rivière pour leurs besoins domestiques en raison des interruptions d’approvisionnement en eau potable, tandis que d’autres buvaient de l’eau de coco et faisaient griller des fruits à pain en attendant de recevoir de la nourriture.

Le gouvernement jamaïcain a exhorté la population à adopter des pratiques de consommation d’eau sûres, notamment en traitant l’eau avant consommation, afin de prévenir les maladies d’origine hydrique.

« Les maladies d’origine hydrique peuvent constituer un problème très grave », a déclaré Christopher Tufton, ministre jamaïcain de la Santé et du Bien-être. « Nous collaborons avec la Commission nationale de l’eau concernant le transport de l’eau par camion afin de préserver l’intégrité de la chaîne alimentaire, tant pour l’eau que pour les aliments. Dans le contexte actuel, des maladies comme la leptospirose et les troubles gastro-intestinaux sont fréquentes. »

efforts de secours

L’ouragan Melissa a touché terre dans le sud-ouest de la Jamaïque le mardi 28 octobre, en tant qu’ouragan de catégorie 5 avec des vents atteignant 295 km/h. Il a détruit des maisons, des écoles, des hôpitaux, des routes ainsi que les réseaux de téléphone et d’électricité. Figurant parmi les ouragans atlantiques les plus puissants à avoir jamais frappé les côtes jamaïcaines, Melissa est responsable d’au moins 28 décès en Jamaïque et de 31 en Haïti voisin.

Les îles Caïmans ont été les premières à envoyer des fournitures d’urgence à la Jamaïque, d’une valeur de 200 000 dollars américains, comprenant des produits de nettoyage, des outils, des produits d’hygiène, des générateurs, des batteries et d’autres articles essentiels.

De nouvelles fournitures d’une valeur de 1,2 million de dollars américains ont été promises lors de vols de secours ultérieurs, des organismes tels que la Croix-Rouge des îles Caïmans et le Rotary collectant des fonds pour cet effort de soutien, ainsi que le Comité d’aide humanitaire présidé par l’ancien premier ministre McKeeva Bush.

distribution de l’aide

Les forces de défense jamaïcaines ont mis en place un site satellite de secours aux sinistrés au centre communautaire de Luana, près de la localité côtière de Black River, d’où des colis de première nécessité sont expédiés aux résidents touchés par l’ouragan.

Depuis mardi, de nombreuses personnes sont privées de produits de première nécessité dans la zone qualifiée d’« épicentre » de Melissa par le Premier ministre jamaïcain Andrew Holness. Mike Bassett, directeur national des affaires humanitaires et d’urgence de World Vision, qui s’est rendu vendredi dans la ville voisine de Santa Cruz, dans la paroisse de Sainte-Élisabeth, a déclaré : « Les gens sont sous le choc et attendent les secours. »

Il a ajouté que les besoins les plus urgents sont l’eau potable, les bâches pour les toitures endommagées, les protéines en conserve, les produits d’hygiène et de nettoyage.

Réponse internationale

L’aide arrive également d’autres pays des Caraïbes ainsi que de la communauté internationale au sens large.

Samedi, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies a reçu 2 000 cartons d’aide alimentaire d’urgence en provenance de la Barbade, destinés à être distribués dans les abris et les communautés les plus touchées de la région de Sainte-Élisabeth. L’aide est également arrivée du Salvador, qui a dépêché trois avions humanitaires. Les États-Unis fournissent huit hélicoptères chargés de matériel de secours pour faciliter l’accès aux zones difficiles d’accès.

Le gouvernement britannique débloque une aide humanitaire d’urgence supplémentaire de 5,5 millions de livres sterling pour aider la région à se remettre de l’ouragan Melissa. Ce financement additionnel fait suite à une première aide de 2,5 millions de livres sterling annoncée précédemment.

Les fonds serviront à acheminer une aide humanitaire aux personnes dont les maisons ont été endommagées et à celles privées d’électricité. Le programme comprend également plus de 3 000 kits d’abri et 1 500 lampes solaires.

L’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) envoie 5,5 tonnes de matériel de secours à la Jamaïque. Elle a déjà acheminé 2,6 tonnes de matériel à Cuba qui, avec Haïti et la République dominicaine, a été touchée par l’ouragan Melissa.

Les droits de douane sur les fournitures de secours ont été réduits.

Le gouvernement jamaïcain a supprimé tous les droits de douane et taxes à l’importation applicables aux dons et aux fournitures de secours importés destinés à soutenir les efforts de reconstruction. Cette exonération des droits de douane et de la taxe générale sur la consommation s’appliquera aux dons importés remis au Bureau de la préparation aux catastrophes et de la gestion des urgences, ainsi qu’aux fournitures de secours destinées aux particuliers et aux institutions, et ce jusqu’au 28 novembre.

Le service de transfert d’argent JN Money renonce aux frais sur tous les paiements vers la Jamaïque jusqu’au 6 novembre afin d’aider les familles et les amis qui tentent d’aider leurs proches en Jamaïque, ainsi que sur tous les dons au fonds du gouvernement jamaïcain, I Support Jamaica .

Coup dur pour les agriculteurs et les pêcheurs

Alors que les évaluations officielles des dégâts sont toujours en cours, l’ouragan Melissa a porté un coup dévastateur aux communautés agricoles jamaïcaines. Plus de 200 000 agriculteurs en Jamaïque élèvent du bétail et cultivent des produits tels que des bananes, des melons, du cacao et des ignames, mais leurs bateaux et équipements de pêche ont été détruits, ainsi que des hectares de terres agricoles.

Le lendemain du passage de l’ouragan Melissa, les autorités jamaïcaines ont déclaré que la paroisse de Sainte-Élisabeth, surnommée le « grenier à blé » de la Jamaïque, était sous les eaux. Selon le Service d’information de la Jamaïque, la paroisse comptait plus de 35 000 agriculteurs et pêcheurs enregistrés en 2022.

Ces dégâts surviennent seulement 15 mois après que l’ouragan Beryl a touché plus de 50 000 agriculteurs et 11 000 pêcheurs et pêcheuses, causant des pertes de 4,73 milliards de dollars jamaïcains (29 millions de dollars américains), selon le ministère de l’Agriculture, de la Pêche et des Mines.

Assurance

Suite à la catastrophe, le Caribbean Catastrophe Risk Insurance Facility (CCRIF) a annoncé qu’il verserait à la Jamaïque une somme record de 70,8 millions de dollars américains.

La ministre des Finances jamaïcaine, Fayval Williams, a déclaré la semaine dernière que la police d’assurance CCRIF n’était qu’un volet du plan financier du gouvernement pour répondre aux catastrophes naturelles, qui comprend également un fonds de prévoyance, une réserve nationale pour les catastrophes naturelles et une obligation catastrophe de 150 millions de dollars américains, dont le versement est prévu suite au passage de Melissa.