Source: Vie publique
Isolement géographique, difficultés d’accès aux services publics et cherté de la vie… Les territoires insulaires et ultramarins subissent les conséquences de leur éloignement géographique. Face à ce constat, un récent rapport parlementaire propose différentes pistes pour améliorer la continuité territoriale entre l’Hexagone et ces territoires.
La politique nationale de continuité territoriale (PNCT) a mobilisé 369 millions d’euros de crédits de l’État en 2024 selon le rapport remis le 23 octobre 2025. Pourtant, la PNCT ne parvient pas complètement à résorber les difficultés que rencontrent, quotidiennement, les insulaires et ultramarins.
Le rapport préconise une amélioration de la PNCT avec 17 recommandations construites autour de deux axes :
- l’amélioration des droits à la mobilité des habitants
- et l’amplification des capacités de connexion (transports, formations, communications).
Des Outre-mer au cœur de discontinuités territoriales
L’éloignement de l’Hexagone crée, entretient ou aggrave, les inégalités sociales : quasiment toutes les statistiques sont défavorables aux territoires insulaires ou d’Outre-mer, en comparaison des autres régions françaises :
- une précarité fréquente : le taux de pauvreté est de 26% en Martinique, de 36% à La Réunion, de 34% en Guadeloupe, de 52% en Guyane, de 77% à Mayotte contre un niveau moyen de 14,9% pour l’ensemble de la France ;
- un chômage structurel élevé : de 12% en Martinique à 34% à Mayotte.
Par ailleurs, le recours aux services publics est souvent moindre compte tenu de contraintes d’accès, notamment en Guadeloupe ou en Guyane mais aussi en raison d’une offre restreinte comme à Saint-Martin ou à Saint-Barthélémy.
Le coût de la vie est souvent aussi plus cher.
Enfin, le rapport souligne que tous les territoires insulaires ne sont pas aidés à la même hauteur. Les dépenses annuelles de l’État par habitant en faveur de la continuité territoriale avec la Corse (275 euros) sont 16 fois supérieures à celles destinées aux habitants des Outre-mer (16 euros).
Améliorer les infrastructures aéroportuaires, portuaires et numériques
Malgré l’augmentation des aides de l’Agence de l’outre-mer pour la mobilité entre 2023 et 2024, et malgré l’accroissement des dispositifs régionaux d’aide à la mobilité, les territoires ultramarins souffrent d’un manque de développement des infrastructures.
Le développement des structures aéroportuaires permettrait d’élargir les échanges avec des pays ou des territoires limitrophes. En outre, l’expérimentation de la mise en place d’un tarif plafond sur le prix des billets d’avion pour les ultramarins permettrait d’accroître l’accessibilité financière de la desserte aérienne.
13,9 millions de tonnes de marchandises transitent chaque année dans les ports ultramarins. Le rapport propose d’étendre significativement l’aide au fret pour les territoires ultramarins, afin d’en faire un véritable dispositif de lutte contre la vie chère. Certains ports ont vocation à devenir des hubs (plateformes) régionaux. Le comité d’évaluation insiste aussi sur la nécessité de développer les infrastructures portuaires. L’état global des infrastructures portuaires ultramarines est qualifié de satisfaisant mais des limites techniques persistent. Ainsi, la non adaptation des tirants d’eaux des navires de grande taille dans certains ports comme le port Dégrad des Cannes (GPM de Guyane) contraint toujours la compagnie CMA-CGM à faire construire des navires sur mesure pour desservir ce port.
Le renforcement du soutien de l’État pour rattraper le retard dans le domaine du numérique, en termes d’infrastructures et de formation, améliorerait également l’accès aux services publics dans les territoires insulaires et ultramarins et créerait un levier de développement social. La couverture en très haut débit a toutefois progressé : au 31 décembre 2024, le taux de locaux ayant accès au très haut débit filaire atteignait 79% dans les Outre-mer, contre 90% dans l’ensemble de la France (+5% en un an).
Le comité recommande par ailleurs la création d’un observatoire national de la continuité territoriale qui assurerait un suivi plus fin de l’évolution de la PNCT.




