Par Rahym R. Augustin-Joseph
Cette synthèse réunit les deux tribunes de Rahym R. Augustin-Joseph, publiées sous le titre « En défense de la CARICOM » (Parties 1 et 2). Elle met en perspective les arguments clés contre le retrait proposé par Allen Chastanet et plaide pour une réforme ambitieuse, non une rupture, de l’intégration caribéenne.
I. Le débat : faut-il quitter la CARICOM ?
La question posée par Allen Chastanet, chef de l’opposition à Sainte-Lucie – « Est-il temps d’envisager de se retirer de la CARICOM ? » – a ravivé une vieille tentation caribéenne : celle du repli. Sa sortie, perçue comme un simple test politique, a rouvert le débat sur la pertinence de la Communauté caribéenne dans un monde instable. Rahym R. Augustin-Joseph y répond : le retrait serait un faux remède à de vrais problèmes.
II. Une critique fondée, mais un diagnostic erroné
Allen Chastanet met en avant trois griefs principaux : la marginalisation des petits États, les déséquilibres commerciaux, et le manque de réactivité de la CARICOM. Pour Augustin-Joseph, le problème n’est pas la coopération régionale, mais son exécution. La CARICOM souffre d’un déficit de mise en œuvre : les décisions restent bloquées sur le papier. La solution : réformer, pas quitter.
III. Ce qu’est – et ce que n’est pas – la CARICOM
La CARICOM repose sur une coopération fonctionnelle. Les décisions nécessitent souvent l’unanimité, sans autorité centrale contraignante. Un protocole de « coopération renforcée » permet désormais à plusieurs pays d’avancer ensemble sur des projets ciblés. Pour l’auteur, cette flexibilité est la clé de la modernisation régionale.
IV. Les avantages concrets à défendre
La CARICOM a apporté des acquis tangibles : liberté de circulation (articles 45 et 46 du Traité de Chaguaramas), droit d’établissement, libre prestation de services et circulation des capitaux. Ces droits, confirmés par la Cour de justice des Caraïbes (affaires Shanique Myrie et Tamika Gilbert), bénéficient aux citoyens ordinaires. Les abolir reviendrait à rétablir visas et frontières administratives.
V. Les disparités internes et la voie du progrès
Les inégalités persistent entre pays plus développés (PMD) et pays moins avancés (PMA). Un retrait priverait ces derniers du Fonds de développement des Caraïbes (FDC), conçu pour financer leur compétitivité et réduire les écarts. La voie à suivre : renforcer ce fonds et la solidarité régionale.
VI. L’unité caribéenne : un atout diplomatique et stratégique
L’unité caribéenne donne aux petits États une voix collective plus puissante : plaidoyer climatique, diplomatie sur Cuba, Haïti et le Venezuela, réformes du FMI. Ces succès illustrent l’importance de parler d’une seule voix dans un monde fragmenté.
VII. Conclusion : réformer, pas fuir
Les deux tribunes s’accordent sur un principe : on ne quitte pas une union régionale parce qu’elle est imparfaite, on la réforme pour qu’elle fonctionne mieux. Quitter la CARICOM reviendrait à abandonner le seul cadre de solidarité existant. L’avenir du projet caribéen repose sur la reconstruction, non sur la rupture.



