La réussite d’un territoire ne se mesure plus à ce qu’il construit en surface, mais à ce qu’il met en mouvement.
La Martinique, au cœur de la Grande Caraïbe, a aujourd’hui l’opportunité de passer d’une logique de projets isolés à une stratégie intégrée de création de valeur: une stratégie ancrée localement, ouverte au Monde, et portée par une intelligence collective.
Penser valeur : de l’investissement à l’impact
Les infrastructures, aussi essentielles soient-elles, ne suffisent pas si elles ne s’inscrivent pas dans une vision d’ensemble.
Le véritable enjeu est de connecter les équipements aux filières, les filières aux marchés, et les marchés à la recherche et à l’innovation.
La Martinique dispose déjà de leviers puissants : sa position stratégique, ses compétences, ses réseaux régionaux et européens. Il s’agit désormais de les articuler autour d’une ambition commune : devenir un hub caribéen de production, de services et de savoirs.
Mobiliser et ancrer les talents
Réorienter nos jeunes ne signifie pas les enfermer ; c’est leur offrir un horizon régional.
Le développement de co-diplomations entre universités de la zone LAC permettrait à nos étudiants de se former près de leur lieu de vie, d’y bâtir leurs amitiés, leurs amours, leurs projets bref, de s’enraciner avant de s’envoler… peut-être.
Notre université doit aussi devenir un pôle d’attractivité, en proposant des formations innovantes et transdisciplinaires capables d’attirer des étudiants étrangers dans un parcours caribéen de mobilité.
Ainsi, la Martinique pourrait retenir ses talents, accueillir de jeunes cerveaux venus d’ailleurs, et bâtir un écosystème où l’intelligence circule, se partage et se réinvestit dans le territoire et la région.
Enfin, cette dynamique doit s’articuler à une société plus inclusive, consciente du défi démographique : le vieillissement n’est pas une fatalité, c’est un champ d’innovation dans l’aménagement du territoire, les services publics et les activités économiques pour une Martinique solidaire et durable.
S’inscrire dans la dynamique glo-cale
Penser glo-cal, c’est refuser de choisir entre le local et le global.
C’est reconnaître que la Martinique a vocation à être une interface entre l’Europe, la Caraïbe et l’Amérique latine.
Cela implique :
• Une logistique moderne et connectée, fondée sur la durabilité et la donnée.
• Une intégration économique régionale proactive, fondée sur les complémentarités.
• Une diplomatie économique agile, capable d’ouvrir des marchés et d’attirer les coopérations.
Ne perdons pas l’Afrique de vue ! Continent en pleine expansion, sa vitalité démographique et son élan d’innovation offrent des perspectives de coopération majeures.
Changer de paradigme : du modèle hérité au modèle génératif
Le XXIᵉ siècle nous invite à passer d’une logique de compensation à une logique de création.
Chaque politique publique devrait désormais être pensée comme un investissement productif, créant de la valeur économique, sociale et environnementale.
Ce changement de paradigme exige un état d’esprit nouveau :
• celui de la coopération plutôt que la concurrence,
• de la transversalité plutôt que le cloisonnement,
• et de la projection plutôt que la réaction.
Un appel à l’action partagée
La Martinique a tous les atouts pour devenir un territoire-pilote du développement glo-cal.
Mais cela suppose une alliance durable entre les élus, les entreprises, la recherche, les jeunes et la société civile.
L’heure n’est plus aux modèles importés, mais aux modèles inspirés : inspirés par nos réalités, nos talents et nos ambitions.
Le succès du territoire ne dépendra pas d’un seul levier, mais de la capacité collective à relier nos forces.
Parce que, l’avenir ne se construira pas sur ce que nous possédons, mais sur ce que nous relions.
La Martinique peut être un espace d’expérimentation, un laboratoire caribéen de la création de valeur, de la coopération et de l’intégration régionale.
C’est le chemin, audacieux mais réaliste, qu’il faut désormais arpenter.
Sandra Casanova »



