Close Menu
ANTILLA MARTINIQUE | Avec vous depuis 1981

    Abonnez-vous

    Recevez les dernières actualités créatives de ANTILLA concernant l'art, le design et les affaires

    Les tendances du moment

    Saint-Pierre 1902 : un site pour redonner un nom aux victimes de la catastrophe

    novembre 21, 2025

    Procès Letchimy–Laguerre : le jugement attendu le 19 février, un mois avant les municipales

    novembre 21, 2025

    BTP. Salon des Bâtisseurs 2026 : la profession se mobilise, les derniers stands sont à saisir

    novembre 21, 2025
    Facebook X (Twitter) Instagram
    ANTILLA MARTINIQUE | Avec vous depuis 1981ANTILLA MARTINIQUE | Avec vous depuis 1981
    • Rubriques
      • Art/Culture
      • Ecologie / Environnement
      • Patrimoine
      • Entreprises
      • Le Regard de Gdc
      • Édito de Henri PIED
      • Politics
      • Santé
      • Sports
      • Caraïbe
    • Newsletter 
    • Publicité
    • Contact
    annonces
    ABONNEMENT
    ANTILLA MARTINIQUE | Avec vous depuis 1981
    Home » En Amazonie, les terres des descendants d’esclaves accaparées par de riches propriétaires
    Ecologie / Environnement

    En Amazonie, les terres des descendants d’esclaves accaparées par de riches propriétaires

    novembre 17, 2025Aucun commentaire
    Facebook LinkedIn WhatsApp

    Reporterre

    À Providência, près de Belém, des communautés fondées il y a près de 200 ans par des esclaves en fuite sont aujourd’hui victimes de l’agrobusiness. – © Damien Cuviller / Reporterre

    Près de Belém, hôte de la COP30, des communautés fondées au XIXe siècle par des esclaves en fuite sont aujourd’hui victimes d’agressions, de menaces de mort et de corruption. Derrière ces violences : une agro-industrie dévorante.

    Île de Marajó (Brésil), reportage

    L’histoire est digne d’un mauvais western. En 2023, Antonio Carlos Lima, dit Toninho, partait inspecter un des champs de manioc, pastèques et potirons que cultive sa communauté de Providência. Le village, situé à deux heures de bateau de Belém sur l’île de Marajó, à l’embouchure du fleuve Amazone, fait partie de la quinzaine de quilombos de la région de Salvaterra. Des communautés fondées il y a près de 200 ans par des esclaves déportés d’Afrique, fuyant le travail forcé des plantations.

    Sur le chemin, un homme a interpellé Toninho, a posé une carabine sur son visage et lui a donné sept jours pour abandonner ce lopin de terre. Assis sur une chaise en plastique, à l’entrée de sa maison, il se remémore la suite de la scène, le regard dépité : « Je lui ai dit que l’affaire était devant les tribunaux. Il m’a rétorqué que si je parlais encore une fois de justice, il m’éclaterait la cervelle. »

    À la racine de ce déchaînement de violence se dresse une agro-industrie à l’appétit dévorant. De riches propriétaires de fermes tenteraient d’accaparer ces bourgs vulnérables, pour étendre un peu plus encore leurs cultures intensives de riz, de soja et de maïs. Y compris par la force. De nombreux récits semblables à l’agression racontée par Toninho hantent ainsi les habitants, délaissés par les pouvoirs publics.

    « On vit dans la peur constante »

    À quelques kilomètres de là, dans le quilombo voisin de Rosário, Claudeth Sousa de Assuncão, elle, a bien cru mourir lorsqu’un tracteur a tenté de l’écraser volontairement. Elle prenait des photos pour documenter la violation d’une décision de justice, qui interdisait l’utilisation d’une route, construite sur leur territoire en toute illégalité.

    « On vit dans la peur constante, raconte cette trentenaire, mère de deux enfants. J’ai fait mettre des barreaux à mes fenêtres. » Elle habite un village d’une centaine de familles, où tous se connaissent, à plus d’une demi-heure de route du premier bourg.

    Toninho et sa fille Crislane n’ont presque plus de terres. © Raphaël Bernard / Reporterre

    Face à ces menaces, les deux leaders communautaires ont intégré un programme de protection des défenseurs des droits humains, chapeauté par le gouvernement fédéral. Il faut dire que l’État amazonien qu’est le Pará concentre à lui seul un cinquième de toutes les violences perpétrées contre les défenseurs des droits humains au Brésil. Et 94 % des victimes sont des militants écologistes.

    « Quand elle est arrivée, son fœtus était déjà mort »

    Sur l’île de Marajó, un homme — arrivé sur ce territoire en 2011 — est notamment accusé d’être à l’origine de ces violences : Joabe Dauzacker Marques, le propriétaire des deux fermes qui envahiraient le territoire quilombola.

    Sa funeste ambition se traduit déjà dans le paysage. Providência est entièrement encerclé de champs ras et entièrement déboisés, qu’il faut traverser sur des kilomètres pour arriver aux premières habitations. « Il ne nous reste plus qu’une tarefa [unité de mesure équivalant à 3 km² de superficie] pour cultiver du manioc, précise Crislane Francisca Pinheiro Lima, fille de Toninho. Désormais, nous cultivons pour d’autres quilombos, qui nous prêtent un peu de leurs terres. »

    En une petite quinzaine d’années, tout leur mode de vie — basé sur des traditions ancestrales — a été fragilisé. Quand ces communautés ne sont pas empêchées par des hommes armés d’accéder aux cours d’eau, les pesticides prennent le relais. Répandus sur les champs par avion ou par drone, ces produits chimiques s’infiltrent jusqu’à atteindre les rivières… empêchant dès lors les quilombolas de pêcher ou cueillir les baies d’açaï, constituant la base de leur alimentation.

    Tronçon d’une route illégale à Providência. © Raphaël Bernard / Reporterre

    À Providência, les habitants estiment que même sans consommer les aliments contaminés, ces pesticides nuisent gravement à leur santé. Le 4 mars 2024, en fin de journée, le village a notamment été brusquement envahi par une forte odeur chimique. Se retrancher aussitôt dans les maisons n’y changea rien : migraines et diarrhées s’invitèrent dans la communauté.

    « Cinq jours après cet épisode, une voisine enceinte a commencé à saigner sans explication, se souvient Crislane, d’un ton rageur. On a appelé une ambulance, mais deux heures plus tard… toujours rien. » La décision fut alors prise d’emmener la victime à Belém, à l’aide d’un véhicule prêté par les villageois d’un quilombo adjacent. « Quand elle est arrivée, son fœtus de cinq mois était déjà mort », poursuit-elle. Les examens toxicologiques ayant eu lieu qu’une vingtaine de jours plus tard, le lien direct avec l’épandage des pesticides n’a pu être prouvé officiellement.

    Une corruption en l’absence de l’État

    Dans cette lutte, les quilombolas ne peuvent compter sur l’aide de l’État. Leur seule façon d’obtenir l’expulsion de Joabe Dauzacker Marques serait de recevoir la reconnaissance officielle de la délimitation de leur territoire. Un processus engagé auprès de l’Institut national de la colonisation et de la réforme agraire (Incra) : dès 2013 pour les habitants de Providência, et 2007 pour ceux de Rosario. En vain, pour les uns comme pour les autres.

    « C’est un processus extrêmement bureaucratique », confirme à Reporterre un fonctionnaire fédéral actif dans la région. Par peur de représailles, il a souhaité préserver son anonymat. Il y a tout juste quelques semaines, son équipe a dû s’extirper d’une autre localité du Pará — chahutée par un conflit comparable, après que des agriculteurs les ont pris à partie.

    En parallèle, Joabe Dauzacker Marques, lui, profite d’une certaine connivence avec Valentim Lucas de Oliveira, maire de Salvaterra, municipalité dont dépendent les quilombos menacés. L’édile en question lui a notamment cédé un terrain arguant que l’espace, où se trouvait auparavant une usine de transformation d’ananas, était vacant depuis dix ans. Une collusion qu’il essaie même d’étendre aux villageois eux-mêmes depuis plusieurs années. Contactés par Reporterre, ni Joabe Dauzacker Marques ni la mairie de Salvaterra n’ont donné suite à nos sollicitations.

    « Le but est de coopter ceux qui leur résistent »

    Les défenseurs de cet agrobusiness n’hésitent pas à manipuler les habitants pour arriver à leurs fins. En 2020, Manuel Vasconcelos de Assombrado, octogénaire alors à la tête d’une association du quilombo souffrait de douleurs à la prostate. Son état nécessitant une hospitalisation à Belém, les frères ont pris à leur charge les frais de transport et de soins. En échange de quoi ? Rien, ou presque. Juste une petite signature au bas d’un papier.

    Illettré, Manuel accepta. Le document, que Reporterre a pu consulter, déclarait entre autres que la route tant décriée avait soi-disant été construite « en partenariat » avec le quilombo. Il disculpait en outre les exploitants de toute entrave à l’accès aux cours d’eau. À force de protestation, les quilombolas ont depuis réussi à invalider la signature de ce document. Celui-ci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres des pièges tendus par l’agro-industrie, assurent-ils.

    Eliete dénonce le chantage auquel elle a dû faire face. © Raphaël Bernard / Reporterre

    Eliete, la mère de Claudete, peut en témoigner : « Il y a deux ans, j’ai souffert d’une sévère hémorragie. J’avais un fibrome, dit-elle, à l’ombre des grands arbres trônant au cœur du village. Joabe l’a su, et m’a offert 5 000 reais [817 euros environ], que j’ai poliment refusé. » Toninho, lui, affirme s’être vu offrir 100 000 reais, soit plus de 16 000 euros, ainsi qu’une moto pour abandonner son combat.

    « Les agriculteurs profitent de l’absence de l’État pour remplacer les services publics, dans le but de coopter ceux qui leur résistent, déplore auprès de Reporterre le fonctionnaire anonyme, fort de plus de dix ans d’expérience. Si ces territoires bénéficiaient d’une reconnaissance légale, les politiques publiques pourraient s’y appliquer. »

    Presque seuls contre tous, les quilombolas n’ont pas pour autant l’intention de baisser les bras. Ces prochains jours, Claudete interviendra lors de la COP des peuples, un contre-sommet organisé par la société civile en parallèle des grandes négociations climatiques. « Une occasion unique » de dénoncer les violences dont les siens sont victimes devant des délégations venues du monde entier, se réjouit-elle, un bol d’açaï dans le creux de la main.

    Quelques mètres plus loin, des villageois s’affairent au potager communautaire tandis que d’autres participent à un atelier de couture récemment mis en place. Dans les traces de leurs descendants, tous refusent d’abdiquer : « Notre simple existence est déjà une résistance », lance une femme, sourire aux lèvres

    Share this:

    • Facebook
    • X

    Articles similaires

    Partager. Facebook LinkedIn WhatsApp
    Article précèdent CARPHA célèbre la semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens (RAM) : mise en lumière des progrès régionaux dans la lutte contre la RAM
    Article suivant Les candidatures sont maintenant ouvertes pour l’initiative de bourse partagée du Commonwealth

    ARTICLES SEMBLABLES

    Nous sommes les témoins directs des effets du changement climatique» : 50 000 autochtones et activistes manifestent à la COP30

    novembre 17, 2025

    Plus de 200 bateaux en provenance de toute l’Amérique du Sud ont paradé pour l’ouverture du contre-sommet de la COP30

    novembre 13, 2025

    Plus de neuf pays sur 10 menacés par le déclin de leurs rendements agricoles

    novembre 11, 2025
    Ajouter un commentaire
    ECRIVEZ UN COMMENTAIRE Cancel Reply

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

    Actualités de la Caraïbe
    Caraïbe

    Près de EC $1 Million de drogues saisi au port de Castries.

    Caraïbe novembre 20, 2025

    St Lucia Times Les autorités chargées de l’application de la loi ont intercepté près d’un…

    Share this:

    • Facebook
    • X

    Un aperçu de la force militaire américaine exceptionnellement importante déployée dans la mer des Caraïbes

    novembre 20, 2025

    En vrac: News d’Haiti

    novembre 20, 2025

    Budget d’Anguilla pour 2026 : « Un appel à l’unité, à un objectif commun et au bien commun »

    novembre 19, 2025
    Publiez vos annonces Légales
    EXPOSITION à la fondation clément

    Abonnez-vous

    Recevez les dernières actualités de Antilla Martinique.

    Merci ! Votre demande a bien été prise en compte.

    Consultez les annonces légales
    Consulter nos anciens numéros
    Nos différentes rubriques
    Archives
    © 2025 Copyright ANTILLA. Tous drois réservés. Programmé par ANTILLA.
    • CONTACTEZ-NOUS
    • MARKETING
    • MENTIONS LÉGALES
    • CONSULTEZ LES ANNONCES LÉGALES

    Type above and press Enter to search. Press Esc to cancel.