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    Home » Aimé Césaire, protecteur des monuments historiques. Les Contrechroniques d’Yves-Léopold Monthieux
    Tribunes

    Aimé Césaire, protecteur des monuments historiques. Les Contrechroniques d’Yves-Léopold Monthieux

    novembre 20, 2025Mise à journovembre 20, 2025Aucun commentaire
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    Dans cette nouvelle tribune des Contrechroniques, Yves-Léopold Monthieux revient sur la place d’Aimé Césaire dans l’histoire statuaire et patrimoniale de Fort-de-France, en particulier sur son rôle – souvent évoqué mais rarement revisité avec précision – de protecteur des monuments historiques de la ville. À travers une analyse nourrie de rappels factuels et d’observations critiques, l’auteur interroge la manière dont certains épisodes ont été interprétés au fil du temps et comment ils alimentent encore aujourd’hui les débats sur les symboles, les héritages et la mémoire collective en Martinique. Cette mise en perspective ouvre la voie à une réflexion plus large sur la conservation, la cohérence et la lecture de la statuaire martiniquaise.

    Fort-de-France, le 19 novembre 2025

    Ainsi donc, à partir de la fin des années 2010, une nouvelle génération indiquait à leurs aînés, éberlués, qu’il était temps de transformer leurs discours en actes. Kémi Séba était passé par là, venu déniaiser tout ce petit monde rouge-vert-noir, et de l’interpeller : « Qu’attendez-vous pour agir ? Voilà ce qu’il faut faire ![1] ».

    La rigueur du vocabulaire exigerait de parler de bris de statues et non de déboulonnage, à l’instar de la presse. La colère n’est pas la même : dans un cas, elle est contenue et maîtrisée, dans l’autre, explosive et déchainée. Il y a eu déboulonnage au Lamentin où le maire s’est exécuté avec cérémonial et application. Sans angoisse, il a fait « descendre » le buste de son illustre ancêtre en humanisme, Victor Schoelcher. Mais déjà, dans les années 1970, sans qu’il ait eu un fusil posé sur la tempe, le maire de Rivière-Pilote, Alfred Marie-Jeanne avait déboulonné dans sa ville la statue de Schoelcher. Ici et là, les œuvres d’art ont été mis au placard, vouées à l’oubli. Il est injuste pour l’histoire et pour Chaben de ne pas faire la différence entre la clé à molette et la massue du démolisseur. Cependant la révolution en cours ne s’attardera pas à ces délicatesses sémantiques ni ne fera la part des responsabilités respectives de Schoelcher, de Joséphine et d’Esnambuc dans l’esclavage.

    Aimé Césaire, entre approximations et réalités

    Le 23 juillet 2020, au lendemain d’un remarquable « 22 mai » et du débat dirigé par l’historienne Myriam Cotta, j’en appelais à « la nécessaire rigueur des débats sur les statues[2] ». Cinq années auront suffi pour forger les esprits, faire chavirer l’Etat et mouiller les yeux des avocats. Que disait cette chronique ? Extraits : « … Mme Cottias avait, par des révélations inexactes, fait crédit à Aimé Césaire d’avoir prolongé le geste iconoclaste subi par la statue de Joséphine de Beauharnais. La vérité oblige à dire que le maire de Fort-de-France n’avait pas voulu « laisser la statue sans tête » et surtout pas « la laisser recouvrir de peinture rouge ». …Une juste information l’eût empêchée de prêter à tort à Césaire la volonté de « symboliser le sang des esclaves » et de pourvoir ainsi à la « narration de l’Histoire de la Martinique » et de poursuivre par cette intuition : « Je pense que cela interroge beaucoup plus qu’un vide ». Une statue étêtée et maculée aurait donc été signifiante que l’absence de cette statue ». Là, on quitte l’histoire.

    « En réalité, en vue de reconstituer la statue, la ville avait fait confectionner une nouvelle tête, en double exemplaire. Mais ayant pris conscience de son impuissance à empêcher de nouvelles tentatives de décapitation, le maire avait renoncé au projet. Plus tard, il s’opposera fermement au projet de transfert de la statue aux Trois-Ilets où naquit et vécut Joséphine de Beauharnais. Il est probable que le même refus de Césaire fut opposé au vœu du maire de St Pierre qui voulait récupérer la statue du fondateur du Fort-Saint-Pierre, Pierre Belain Desnambuc ? Quoi qu’il en soit, le projet fit long feu sans que le motif ne fût révélé. Aux dires de témoins dignes de confiance, Césaire n’aurait jamais eu l’intention de défaire sa ville d’aucune de ses statues. En revanche, la ville avait décidé de déplacer l’ouvrage de Khokho René-Corail, le nègre marron de Trénelle vers la place de la Savane, non loin de la statue de Joséphine de Beauharnais. Mais l’opposition rencontrée dans le quartier avait fait reculer le maire.

    L’absence de monument à la gloire de Césaire est une énigme

    Lorsqu’on considère le nombre de lieux culturels qui portent le nom de Césaire, il est difficile de déceler quelque ingratitude à son égard, de la part de ses successeurs. Or sitôt sa disparition le contact avait été pris avec le célèbre sculpteur africain Ousmane Sow. Celui-ci n’ayant pas répondu à l’appel à projet, l’affaire fut mise en stand-by, puis plus rien. Pourtant, un autre projet envisagé à la même époque pour honorer les « dissidents » vit le jour sous la forme de l’« Allée des dissidents » face à la baie des Flamants, sur la Savane. Aussi, l’absence de toute œuvre dans l’espace public à la gloire de l’ex-député-maire est une énigme. Ce silence ne peut que donner matière à des supputations dont la moindre n’est pas la distance prise à l’égard de Césaire par les promoteurs de la créolité. Cette distance s’est transformée en vrai différend à l’UER Lettres où le plus grand intellectuel martiniquais n’a jamais été invité. Le plus célèbre de la troïka, Patrick Chamoiseau, est l’intellectuel le plus proche de Serge Letchimy. Celui qui, par son ouvrage Texaco, a participé à l’éclosion de l’homme politique n’a pas rassuré l’entourage de l’ancien maire qui le considérait comme un « césairiste tardif ». Par ailleurs, dans son billet paru dans France-Antilles en novembre 2010, il écrira : « Celui qui parviendra, avec le souffle d’un idéal, l’énergie d’un projet, à mettre en branle ce processus de responsabilisation, cette liberté de conception, en entraînant avec lui, sans peur, sans renoncement, sans régression aucune, la majorité des Martiniquais, deviendra le père de la Nation. »

    Votre serviteur s’était étonné que le père de la Nation ne fût pas déjà connu, tandis que Michel Branchi donnait le coup de patte du parti communiste : “C’est le peuple qui fait l’Histoire, il n’a pas besoin de « père » ou de « leader fondamental » autoproclamé ou désigné par des thuriféraires.”

    Pour une lecture non hémiplégique de la statuaire martiniquaise

    Il paraît peu contestable que la cohabitation sur la place publique de statues évoquant la colonisation et d’ouvrages symbolisant la résistance eut sans doute véhiculé une lecture plus juste et plus apaisée de l’histoire martiniquaise. Il est permis de penser que la radicalisation des thèses réparatrices et séparatistes en eût été moins forte et les exactions, moins compréhensibles. L’exemple vient de Cuba, le modèle de tout révolutionnaire martiniquais. Survivant à la révolution cubaine, les monuments de l’époque de Batista cohabitent à La Havane avec ceux qui célèbrent le castrisme. Il est vrai que pendant plus d’un demi-siècle l’édilité foyalaise a été plutôt avare de monuments. Les plus récents ont été dans l’ordre, la statue de Léopold Bissol située au quartier l’Ermitage, le Nègre marron de René-Corail, buste Victor Lamon et la plaque de Ghandi qui fut une œuvre offerte par l’Inde à la ville. Cette carence pourrait signifier que l’histoire martiniquaise ne soit pas aussi riche qu’on le prétend, à moins que la nature éruptive et collective du peuple n’ait pas permis de distinguer des héros.

    « Pour en revenir à Victor Schoelcher, Mme Cottias rappelle justement que l’abolitionniste « va vraiment chercher chaque signature pour que le décret soit édicté en 1848 ». Comment mieux indiquer que les abolitionnistes ne furent pas d’un bloc et qu’il y eut des hésitations hier admises, coupables aujourd’hui, et que Victor Schoelcher s’en distingua ? Or les rues de Fort-de-France portent les noms de tous ces hommes, d’abord réticents, y compris celui du premier d’entre eux, François Arago. Supprimer le nom de Schoelcher de l’espace public devrait entraîner logiquement la disparition concomitante de nos rues, des patronymes de tous les autres membres, réputés moins emballés, du gouvernement provisoire de la IIème République ». La suppression du nom de la ville de Schoelcher pourrait être une nouvelle étape de l’opération de réparation, mais l’on ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin.

    Yves-Léopold Monthieux

    [1] « Kémi Séba à Génipa : La cause indépendantiste a-t-elle gagné des points ? Contrechronique du 2 mai 2018.

    [2] « Cénacle de Fort-de-France : De la nécessaire rigueur des débats sur les statues ». Contrechronique  du 23 juillet 2020

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