À l’issue d’une édition particulièrement suivie de la Transat Café l’Or en Martinique, Damien de Longueville, président de l’organisation Martinique Transat, revient en détail sur le déroulement de l’événement, la fréquentation du village, l’accueil des skippers, la montée en puissance de l’organisation locale et les enjeux pour l’avenir. Dans cet entretien, il livre une parole directe, précise et sans détour sur les réussites, les défis et les ambitions de la Martinique autour de cette grande course transatlantique.
Antilla : Damien, comment se sont passées ces deux semaines de course et d’arrivées en Martinique ?
Damien de Longueville : Nous observons l’évolution de cet événement et, cette année, on a vécu une première semaine absolument magnifique. On a vu arriver tous les premiers de la classe : les Ultim, les Imoca, les Ocean Fifty. Il y a eu de très belles arrivées, énormément d’animations, une vraie intensité autour des quais. Et puis, depuis le lundi suivant, ce sont plus de quarante bateaux de la Class40 qui sont entrain de franchir la ligne. Ces arrivées ont continué à entretenir une ambiance réelle sur le village
Il faut être honnête : le cœur de l’événement était concentré sur les premiers jours, car le dispositif était pensé pour s’étendre jusqu’au 16 novembre. Mais malgré cela, nous avons continué à accueillir des bateaux, et nous attendions encore, notamment, l’arrivée d’un bateau très attendu demain dimanche 23 au matin, avec Jean-Yves AGLAE et Moane MANGATTALE. Cette continuité dans l’accueil est essentielle pour nous.

Et aujourd’hui, comment fonctionne le village pendant ces derniers jours ?
DDL : Aujourd’hui, le village est dans une phase différente. Nous avons maintenu une activité technique d’accueil des bateaux : gestion des arrivées, assistance, logistique. En revanche, l’activité des exposants, elle, s’est officiellement arrêtée le 16 novembre. Cela faisait partie du calendrier initial. À partir de cette date, le village bascule davantage dans une logique d’accueil sportif et technique que d’animation commerciale ou culturelle.
Quel bilan faites-vous de la fréquentation et de l’ambiance sur le village ?
DDL : Très clairement, le bilan est extrêmement positif. Nous avons enregistré une fréquentation en progression de plus de 50 % par rapport à l’édition 2023. Concrètement, cela représente près de quarante-cinq mille personnes qui sont venues sur le village.
Les gens sont venus pour plusieurs raisons : assister aux concerts, voir les arrivées, découvrir les bateaux, rencontrer les équipes. Ce que nous avons vraiment ressenti, c’est un intérêt massif et une adhésion du public en forte progression. Cette année, on a perçu quelque chose de plus dense, de plus installé, presque comme si l’événement entrait dans une nouvelle phase de maturité.
Qu’avez-vous ressenti face à l’arrivée de certains skippers, notamment ceux qui naviguent moins régulièrement ?
DDL : Je pense que beaucoup de monde sera sur place pour les voir arriver, et que tout le monde sera heureux de les accueillir. Il ne faut jamais minimiser ce qu’ils ont réalisé. Traverser l’Atlantique sur ce type de bateau, avec un entraînement parfois limité, c’est une performance remarquable.
Ils ont eu une très belle navigation, et ça fait du bien de les voir arriver en bon état, avec des bateaux également en bon état. Personnellement, je les ai vus partir depuis Le Havre. Donc, évidemment, il y a une vraie émotion à les revoir arriver ici. On est très heureux de les retrouver sains et saufs.

Avez-vous vécu des moments difficiles pendant cette édition, ou plutôt des moments forts ?
DDL : Honnêtement, il y a eu pratiquement que des bons moments. Il faut rappeler que l’organisation telle qu’elle existe aujourd’hui a été créée en 2021. Nous en sommes à la troisième édition. Et cette année, j’ai vraiment senti quelque chose de différent.
Tout a été beaucoup plus fluide. Les choses se sont enchaînées de façon plus naturelle. Chacun sait désormais ce qu’il a à faire. Les équipes sont en place, les réflexes sont là. Globalement, je pense que nous avons apporté une qualité d’événement qui est au standard d’une grande course internationale.
Et surtout, cela montre un beau visage de la capacité d’organisation de la Martinique. Nous avons prouvé que nous étions capables d’accueillir un événement de niveau mondial dans de très bonnes conditions.
Pensez-vous que la Transat Café l’Or reviendra en Martinique lors des prochaines éditions ?
DDL : La première condition, c’est qu’elle arrive de nouveau en Martinique, tout simplement. Aujourd’hui, il y a un appel à candidatures. Nous avons déposé un dossier pour que la Martinique accueille les trois prochaines éditions.
Notre souhait est très clair : faire en sorte que cette course s’inscrive dans la durée ici. Nous voulons qu’elle porte des fruits pédagogiques, qu’elle permette à des sportifs martiniquais d’être mis en valeur, de progresser, d’accéder à la course au large.
On sent que ça commence à venir. Mais il faut être lucide : ce sont des choses qui prennent du temps. Notre volonté est de pérenniser la transat.
En quoi cet événement dépasse-t-il la simple course pour la Martinique ?
DDL : Nous ne voyons pas la Transat Café l’Or uniquement comme une course. C’est un véritable écosystème que nous voulons développer autour du nautisme.
Par exemple, il y a eu des lycées qui ont participé à la construction de bateaux (NDLR voir article sur notre site internet). C’est très important. Cela fait partie de la dynamique que nous souhaitons encourager. L’idée, c’est qu’un événement international comme la Transat Café l’Or puisse servir de levier.
Un levier pour le développement économique de la Martinique, mais aussi pour le développement sportif. Nous voulons nous appuyer sur cette course qui arrive chez nous pour structurer une véritable filière autour du nautisme, de la formation, de l’emploi et de la performance.
Un dernier mot pour l’avenir de la Transat Café l’Or en Martinique ?
DDL : J’espère sincèrement que dans deux ans, la course sera toujours là, et qu’elle arrivera encore en Martinique. C’est notre objectif. Nous savons qu’il faut continuer à travailler, à convaincre, à structurer.
Cette édition nous a donné beaucoup d’espoir et beaucoup d’énergie pour la suite.
Propos et photos par Roland Dorival – Article ANtilla



