Le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) est aujourd’hui le principal dispositif de réparation pour les expositions professionnelles à la chlordécone en Martinique. Il ne couvre toutefois qu’une fraction des personnes contaminées, tandis que l’État tente, avec la Stratégie chlordécone 2021‑2027 et une future loi spécifique, de construire un mécanisme plus large de lutte, de prévention et d’indemnisation.
Critères d’éligibilité à l’indemnisation professionnelle
Pour les adultes, l’indemnisation est ouverte aux salariés et non‑salariés agricoles ayant été exposés à la chlordécone dans le cadre de leur activité en Martinique ou Guadeloupe, et présentant une pathologie reconnue comme maladie professionnelle. Pour les enfants exposés in utero, l’un des parents doit avoir été exposé professionnellement, et l’enfant doit souffrir d’une pathologie liée aux pesticides.
Limites structurelles du FIVP
Les expositions purement environnementales ne sont pas couvertes. Ainsi, seule une infime partie de la population contaminée – souvent moins de 2 % des personnes potentiellement concernées – peut, en l’état, prétendre à une indemnisation. Les associations dénoncent également la complexité du parcours administratif et le manque d’information des anciens ouvriers agricoles.
Bilan 2024 du FIVP
Depuis 2020, une centaine de dossiers liés à la chlordécone ont été instruits, avec une majorité d’accords, mais ces chiffres restent dérisoires au regard de l’ampleur de la contamination globale. Les critères médicaux, les démarches de reconnaissance en maladie professionnelle et les expertises limitent fortement le nombre de bénéficiaires.
Les plans publics successifs depuis 2008
Les Plans Chlordécone I, II et III ont structuré la réponse publique entre connaissance scientifique, contrôle des denrées, protection des populations et accompagnement des filières agricoles et de pêche. Ils ont permis les cartographies des sols contaminés, les restrictions de zones de pêche, les contrôles alimentaires renforcés et l’aide à la reconversion.
Stratégie chlordécone 2021‑2027
La stratégie actuelle porte un budget porté à plus de 120 millions d’euros. Elle vise une meilleure information de la population, la protection sanitaire, le renforcement des contrôles alimentaires, la gratuité des analyses de sols pour les particuliers et un soutien accru aux filières impactées. Des actions locales de proximité, des médiateurs de santé et des campagnes de dépistage complètent le dispositif.
Vers une loi d’indemnisation globale
Une proposition de loi débattue depuis 2024 prévoit un régime d’indemnisation couvrant toutes les personnes ayant résidé ou séjourné plusieurs années en Martinique ou en Guadeloupe pendant la période d’usage de la chlordécone, sans critère professionnel. Ce dispositif viserait à reconnaître la responsabilité de l’État et à indemniser l’ensemble des préjudices liés à cette pollution historique.
Articulation future des dispositifs
Le FIVP resterait compétent pour les maladies professionnelles, tandis qu’un nouveau fonds prendrait en charge les expositions environnementales et familiales, qui représentent la majorité des situations rencontrées. Cette dualité permettrait enfin d’aligner les dispositifs sur la réalité des contaminations vécues par la population antillaise.



