Un acteur marginal devenu perturbateur stratégique
Les Houthis, longtemps cantonnés aux marges du conflit régional, perturbent désormais l’un des axes commerciaux les plus stratégiques du monde. Installés face au détroit de Bab-el-Mandeb, ils disposent d’un levier géographique majeur. Leurs attaques contre des navires liés à Israël ou à ses alliés entraînent des détournements de routes maritimes et renchérissent les coûts du commerce mondial.
La réponse américaine : puissance déployée, vulnérabilité exposée
Washington a lancé l’opération « Prosperity Guardian ». Malgré leur supériorité militaire, les États-Unis ne parviennent pas à stopper les attaques : drones peu coûteux contre missiles d’interception très onéreux, tactiques saturantes, initiative stratégique détenue par un acteur non étatique. La marine américaine apparaît en réaction permanente, révélant les limites de sa domination navale.
Le rôle discret mais déterminant de la Russie
La Russie, via son partenariat stratégique avec l’Iran, contribue indirectement à la montée en puissance houthie. Les drones et missiles utilisés s’inspirent de technologies testées en Ukraine. Moscou y voit l’opportunité d’éroder la crédibilité américaine, détourner son attention du front ukrainien et fragiliser son rôle de garant de la sécurité maritime mondiale.
Une fragilisation de l’ordre maritime mondial
La mer Rouge devient un laboratoire de guerre asymétrique : un groupe rebelle peut perturber des flux mondiaux, augmenter les coûts de sécurité et mettre au défi une puissance globale. Les routes commerciales, la stabilité énergétique et l’équilibre entre grandes puissances s’en trouvent directement affectés.
Un tournant révélateur plus qu’un basculement
La suprématie américaine persiste, mais elle est contestée comme jamais depuis la fin de la guerre froide. Les Houthis montrent que l’hégémonie navale américaine peut être mise en difficulté par une coalition indirecte – Iran, Russie – qui utilise des acteurs non étatiques pour tester les limites de sa puissance. Une recomposition de l’ordre mondial semble désormais engagée.
Jean-Paul BLOIS



