Un nouveau mouvement de grogne secoue la Collectivité territoriale de Martinique. À partir du 1er décembre 2025, plusieurs syndicats — CGTM-FSM-CTM et UPCTM-Unsa territoriaux — ont appelé les agents à une grève illimitée. Le conflit, dont les premières perturbations se font sentir dans les services affectés aux établissements scolaires, s’inscrit dans un climat d’exaspération où les revendications répétées depuis 2024 semblent n’avoir trouvé que très peu d’écho.
Des agents à bout face à des demandes récurrentes
Réunis à la Maison des syndicats, les représentants du personnel ont dressé un constat partagé par de nombreux agents : le sentiment de devoir « recommencer à zéro » à chaque préavis sans obtenir de réponses concrètes de l’administration. Fatigue, incompréhension et lassitude dominent les échanges, d’autant que plusieurs dossiers portent sur des demandes anciennes, connues et documentées depuis plus d’un an.
Les agents évoquent un climat de surcharge, notamment au sein des services affectés aux collèges et lycées. Certains disent travailler en sous-effectif permanent tandis que d’autres s’interrogent sur l’avenir de contractuels présents depuis des années dans les établissements.
Des revendications ancrées : titularisation, effectifs, conditions de travail
Le cœur des revendications reste identique à celui des mouvements précédents : titularisation des contractuels en poste dans les établissements scolaires, rétablissement des effectifs initiaux dans le secondaire, renégociation des temps et des conditions de travail, ainsi qu’une revalorisation des primes. Les problématiques d’horaires, de modulation du temps de travail et de charge de service constituent le cœur des tensions, nourries par un sentiment d’incohérence organisationnelle entre les différents services de la CTM.
La titularisation, annoncée pour janvier 2026, cristallise une grande partie du mécontentement. Selon les syndicats, aucune réunion de préparation ne s’est tenue, et le sujet n’a pas été inscrit en plénière. Beaucoup y voient un signal inquiétant : celui d’un projet non abouti, susceptible d’être repoussé ou vidé de sa substance.
Une relation fragile avec l’exécutif territorial
Les syndicalistes dénoncent un manque d’écoute de la part de l’administration et pointent une relation qu’ils jugent trop verticale. Ils affirment que les constats de terrain ne sont pas intégrés dans la décision publique, alors même que près de 5 000 agents — dans des métiers allant de l’entretien des collèges aux services techniques, en passant par la culture, le social ou les routes — dépendent des orientations de l’exécutif territorial.
Une rencontre avec Serge Letchimy doit se tenir dans les prochains jours. Elle sera déterminante. Les représentants syndicaux espèrent obtenir un calendrier clair, des engagements précis et une reconnaissance formelle des difficultés exprimées depuis 2024.
Vers un durcissement du mouvement début 2026 ?
Si la réunion n’aboutit pas à des avancées significatives, les syndicats prévoient de prolonger et d’amplifier la mobilisation. Plusieurs représentants évoquent déjà une grève en janvier 2026, voire des actions plus fermes, y compris le blocage de sites de la CTM. L’hypothèse reste conditionnée aux réponses du président du conseil exécutif, mais elle illustre une radicalisation progressive d’un conflit qui, pour beaucoup, n’aurait jamais dû durer autant.
À travers ce mouvement, c’est une organisation territoriale entière qui interroge sa capacité à entendre, anticiper et accompagner les réalités de ses agents. Pour les personnels mobilisés, les semaines à venir diront si la CTM est prête à transformer des années de revendications en véritables décisions.
JPB



