Dans l’imaginaire collectif, les véhicules hybrides et électriques sont perçus comme des solutions vertes permettant de réduire la pollution et les émissions de gaz à effet de serre. Mais en Martinique et en Guadeloupe, leur bilan environnemental est beaucoup moins favorable qu’il n’y paraît, en raison de contraintes structurelles liées à l’énergie, au climat et à l’organisation territoriale.
Une électricité encore largement fossile
Une voiture électrique n’est écologique que si l’électricité qui l’alimente est propre. Or, dans les Antilles, entre 70 et 80 % de l’électricité provient encore de centrales fonctionnant au fioul ou au charbon. Recharger un véhicule revient donc à consommer une énergie fortement carbonée, ce qui réduit considérablement le bénéfice environnemental attendu.
Des réseaux électriques fragiles
Les systèmes électriques insulaires disposent de marges de manœuvre très limitées. Une hausse importante du nombre de véhicules électriques risquerait de fragiliser le réseau et d’imposer le maintien – voire l’extension – des centrales thermiques. La dépendance aux énergies fossiles en serait renforcée.
Un climat tropical qui accélère la dégradation des batteries
La chaleur intense propre au climat caribéen accélère le vieillissement des batteries, réduit leurs performances et augmente la consommation liée au refroidissement. Les batteries doivent être remplacées plus tôt que prévu, ce qui alourdit leur coût économique et environnemental.
Pas de filière locale de recyclage
Il n’existe en Martinique ni en Guadeloupe de véritable filière de recyclage pour les batteries lithium-ion. Celles-ci doivent être expédiées en Europe — avec les risques que cela comporte, notamment celui d’incendie en mer — ou stockées localement, ce qui pose des défis environnementaux majeurs.
Une topographie défavorable
Les hybrides donnent le meilleur d’eux-mêmes dans des zones plates et denses, avec de nombreux freinages. Dans les Antilles, les reliefs importants, les trajets courts mais pentus et l’usage permanent de la climatisation réduisent fortement leurs performances réelles et leurs économies d’énergie annoncées.
Les véhicules hybrides et électriques peuvent réduire la pollution de l’air dans certains centres urbains, mais ils ne constituent pas, en l’état, une solution véritablement écologique dans les Antilles. Pour une mobilité réellement durable, il est indispensable de décarboner la production d’électricité, de renforcer les transports collectifs, de développer les mobilités douces et de mettre en place une filière locale de maintenance et de recyclage. Gdc



