Une filière fragilisée par le changement climatique et le cadmium
En Colombie, la filière du cacao fait face à deux menaces majeures : la prolifération de la moniliose, champignon favorisé par le changement climatique, et la contamination croissante des fèves par le cadmium, métal toxique naturellement présent dans les sols andins. Depuis 2019, l’Union européenne impose des normes strictes (0,8 mg/kg dans le chocolat importé), ce qui limite fortement les exportations colombiennes.
Une plante « hyperaccumulatrice »
Le cacaoyer absorbe particulièrement bien le cadmium, sous l’effet combiné de facteurs géologiques, de certains fertilisants, de la proximité d’activités minières et d’inondations qui dispersent le métal dans les sols. Des niveaux très hétérogènes sont relevés, allant de résultats conformes aux normes à des taux quatre fois supérieurs aux limites européennes.
Les solutions explorées : micro-organismes, bioremédiation et sélection variétale
Face à ce défi, la recherche colombienne ne vise pas à éliminer le cadmium, mais à le rendre inaccessible à la plante. Les pistes principales : utilisation de bactéries du sol capables de « séquestrer » le métal ; stratégies de bioremédiation ; endophytes présents dans les feuilles ; identification de variétés de cacao moins accumulatrices. Une bactérie testée en conditions réelles a permis de réduire de 20 % le cadmium dans les feuilles, en rendant le métal géostable dans le sol.
Un enjeu avant tout social
La réussite dépend largement de la capacité à accompagner les petits producteurs, souvent peu sensibilisés car le cadmium ne modifie pas l’apparence des arbres ni les volumes produits. Les entreprises exportatrices contournent souvent la norme européenne en mélangeant les lots ou en se tournant vers d’autres marchés. Dans certaines zones très touchées, des producteurs ont perdu leurs débouchés.
Un enjeu de santé publique en Colombie
Au-delà des exportations, le cadmium concerne directement les Colombiens, premiers consommateurs de leur propre chocolat. Le défi est donc agronomique, économique, social et sanitaire, et requiert un soutien politique renforcé pour protéger une tradition vieille de deux siècles.



