La signature d’une stratégie territoriale conjointe entre Saint-Martin et Sint Maarten pourrait être un exemple de coopération régionale politique pour la Martinique.
Elle montre qu’en Outre-mer, la coopération régionale peut devenir un choix stratégique assumé, et non une simple option marginale.
La Martinique évolue dans un espace caribéen dense, traversé par des flux économiques, humains, environnementaux et sécuritaires. Pourtant, elle reste trop souvent enfermée dans une logique hexagonalo-centrée, là où son avenir se joue aussi — et parfois surtout — dans son environnement régional immédiat.
L’exemple de Saint-Martin rappelle une évidence : les frontières administratives ne correspondent pas aux réalités insulaires. En Martinique, les enjeux de changement climatique, de sécurité alimentaire, de transports, d’énergie ou de gestion des risques naturels appellent des réponses caribéennes et coopératives.
La Martinique dispose pourtant d’atouts institutionnels et géographiques pour devenir un acteur central de la coopération régionale. Son statut européen, sa stabilité institutionnelle et ses compétences locales pourraient en faire un hub de coopération caribéenne entre l’Union européenne et la région.
Mais cette ambition se heurte à des freins politiques et administratifs persistants: réflexes centralisateurs, peur de la différenciation, sous-utilisation des outils existants comme Interreg ou les cadres de coopération avec la CARICOM.
Martinicaniser la coopération, c’est assumer que le développement du territoire passe par des alliances régionales structurées, par une diplomatie territoriale active et aussi par une nécessité d’ adapter les normes aux réalités régionales.
À l’heure où la Martinique s’interroge sur son modèle économique, sa dépendance aux importations et sa vulnérabilité climatique, la coopération régionale pourrait être un levier de souveraineté pratique.
L’exemple de Saint-Martin ne doit pas être regardé comme une exception. Il doit devenir un modèle de pratique politique. Car pour la Martinique, coopérer concrètement pourrait être cesser de subir et commencer à choisir son avenir caribéen.
Gérard Dorwling-Carter



