Noël est, au fond, une histoire de salut. Salut car le Christ est venu au monde pour prendre sur ses épaules les fardeaux que nous ne pouvions porter, pour ramener nos âmes errantes des lieux perdus.
Et en ce moment de notre parcours national, le sauvetage et le réconfort de l’âme dominicaine sont cruellement nécessaires.
Mais qu’est-ce que cette « âme de notre île » ? Quelle est cette essence profonde et fondamentale qui fait de nous une civilisation unique sur cette terre ?
Dans le tourbillon du quotidien, il est facile de l’oublier. Le temps de la réflexion se fait rare. Pourtant, même sans pouvoir l’exprimer clairement, nous reconnaissons tous quand notre précieux « ingrédient secret », en tant que peuple, commence à se déliter. Nous le ressentons non par la froide logique de l’esprit, mais par la douce intuition du cœur. Une lourdeur, une tristesse, le sentiment que quelque chose de cher se déchire.
Nous ressentons cette âme se déchirer lorsque nous sommes témoins de corruption au pouvoir. Nous la ressentons face au favoritisme politique flagrant. Nous la ressentons dans la montée d’une violence insensée. Nous la ressentons dans notre conduite insouciante, comme si la vie humaine n’avait plus aucune valeur. Nous la ressentons dans les nombreux actes quotidiens de mépris des règles, de la communauté, d’autrui.
Pourtant, je reste convaincu que notre âme n’est pas brisée. Pas encore. Car chaque jour, je vois encore des preuves de sa résilience. Je vois l’espoir dans la chaleur et l’éclat des yeux des vendeurs à l’aube sur le marché – ces porteurs de couleurs, d’humour, de courage et de grâce dans la simplicité. Je vois l’espoir quand un groupe de Dominicains se retrouve par hasard dans un aéroport et qu’en quelques minutes, nous échangeons des blagues et rions aux éclats comme une famille réunie. Je vois l’espoir dans le jeune étudiant qui dit encore « Bonjour monsieur » avec fierté dans son uniforme et promesse dans sa voix. Je trouve l’inspiration dans la vieille dame qui me prend tendrement à part dans la rue pour me demander : « Monsieur Hurtault, ça va ? N’abandonnez pas… Bondieu, nous avons besoin de vous. » Et tandis que je m’éloigne, les yeux embués d’émotion, me résolvant en silence « Non, maman – nous ne vous laisserons pas tomber », je sens cette âme collective vivante et palpitante.
Ne laissons donc pas le cynisme, l’exploitation, l’injustice ou le désespoir nous dépouiller de notre âme.
Ce que nous possédons est rare dans un monde devenu superficiel, rongé par le labeur incessant et la course effrénée à l’argent. La Dominique offre encore la possibilité d’une vie véritablement belle, où travail et émerveillement s’équilibrent, effort et joie, survie et célébration. Nous avons encore la chance d’être un exemple pour le monde entier de ce à quoi peut ressembler une société humaine. Battons-nous pour cette chance.
Dans cet esprit, le DFP se joint à tous les Dominicains pour réaffirmer notre unité, notre compassion, notre humilité et, par-dessus tout, notre identité dominicaine. Car ce que nous défendons sur ce joyau insulaire, c’est ni plus ni moins que le droit de bâtir une civilisation enracinée dans la chaleur humaine, le respect, la prospérité, l’exemple à l’échelle mondiale, la compassion et un amour exubérant de la vie.
Dans l’esprit de Noël, engageons-nous dès maintenant et pour toujours à suivre ce chemin. La DFP vous accompagne humblement. Que l’esprit du Christ vous guide et que votre vocation dominicaine vous soutienne et vous inspire.
Joyeux Noël et bonne année à tous !



