Nand C. Bardouille –
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La première année du second mandat du président américain Donald Trump n’a pas seulement mis à l’épreuve les relations respectives des quatorze États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) avec les États-Unis. Elle a également fait apparaître une ligne de fracture au sein du regroupement régional, à l’image de ce qui s’était produit lors du premier mandat de Trump, lorsque la CARICOM s’était divisée sur l’orientation de la politique étrangère américaine à l’égard du Venezuela.
Ces évolutions constituent la toile de fond d’une année tumultueuse pour ces petits États en matière de politique étrangère tournée vers Washington. En 2026, ces pays devraient être confrontés à une réalité encore plus brutale : des relations diplomatiques toujours plus erratiques avec les États-Unis et de nouvelles atteintes à la cohésion régionale.
La récente proclamation de l’administration Trump imposant des restrictions partielles d’entrée sur le territoire américain aux ressortissants d’Antigua-et-Barbuda et de la Dominique illustre l’approche désordonnée de Washington envers les États membres de la CARICOM. Pris de court, ces pays ont rapidement mobilisé leurs ressources diplomatiques, conduisant à une suspension ultérieure de la mesure.
Cette séquence s’inscrit dans un contexte plus large de relations bilatérales contrastées, mêlant cordialité et tensions, du fait de visions divergentes des relations internationales. Très tôt dans le second mandat Trump, il est apparu que les relations États-Unis–CARICOM entraient dans une zone d’incertitude.
Deux facteurs ont accentué cette complexité : le changement de gouvernement à Trinité-et-Tobago en 2025 et la montée en puissance prolongée de la présence militaire américaine dans la Caraïbe, incarnée par l’opération « Southern Spear ».
Le gouvernement de Kamla Persad-Bissessar a soutenu cette opération, se démarquant de la majorité des États membres de la CARICOM, au risque de fragiliser l’unité du bloc. Cette position a suscité de vives critiques et mis en lumière des divergences profondes sur les principes de paix, de multilatéralisme et de respect du droit international.
Alors que la plupart des États membres cherchent à préserver la Caraïbe comme zone de paix, Trinité-et-Tobago s’est affirmée comme un soutien clé de la stratégie américaine, illustrant une fracture durable au sein de la CARICOM.
Cette situation fait peser des risques sérieux sur la capacité du bloc à défendre collectivement ses intérêts. Si 2025 a marqué l’émergence d’une doctrine sécuritaire fondée sur la force, 2026 pourrait en être l’année de mise en œuvre effective, avec des conséquences majeures pour l’ensemble de l’hémisphère occidental.
Nand C. Bardouille, Ph.D., est directeur de la Diplomatic Academy of the Caribbean à l’Institute of International Relations de l’Université des Antilles (UWI), campus de St Augustine, Trinité-et-Tobago. Les opinions exprimées sont celles de l’auteur.



