Le début de l’année est un temps propice pour se poser cette question. En effet, c’est le moment de faire une pause, de « dé-marrer » nos reins et de « lever nos nez de nos guidons », pour voir si nos choix actuels nous conduisent vraiment où nous voulons aller et si nous avons pris les bons moyens.
A l’allure où va notre monde, se tromper de route s’est prendre le risque d’un échec personnel ou collectif, c’est se mettre en danger d’effacement, voire de disparition.
La kompétission ek la djè ka pété toupatou, la loi du plus fort semble omniprésente : plus de pitié pour les canards boiteux ! Malheur à celui qui se cherche ! Pauvre de celui qui doute ! Qui ralentit sera dépassé ! Sa ki sav’ sav’ sa ki pa sav’ pa sav’ chantait Mona.
Alors : La’w ka alé ? ou va-tu ? C’est une vraie et bonne question ! Une profonde et puissante interrogation de sagesse spirituelle qui illumine ceux qui se la posent. C’est une façon sonder le coeur d’une personne ou l’âme profonde d’un peuple : « as-tu bien réfléchi à ce que tu fais, à qui tu es, à ton héritage et à ta destinée ? Agis-tu avec sagesse et prudence ? »
On dit aussi :La’w ka allé kon sa ? « as-tu pris les bons moyens pour aboutir ? Il va peut-être falloir faire des changements, prendre du temps, mieux réfléchir, creuser davantage, guérir, pour évoluer, aller plus loin et trouver ton bonheur ? »
Ou bien : La’w ka allé la-a ? qui interroge sur la destinée, le projet de vie de qui est interrogé. Cela signifie : « Qu’est-ce que tu attends vraiment ? quelle est ta définition du bonheur ? Qu’attends-tu de la vie et de l’existence ? Ou veux-tu aller ? Quel est ton but ?».
Ou enfin : La’w ka allé épi sa questionne sur les handicaps qui ralentissent le cheminement (relations toxiques, lacunes, failles, maladies…). « N’y a-t-il pas des bagages inutiles dans ta vie ?.. des pardons non donnés, des rancunes ki pani fin, des jalousies non-avouées, des biens matériels ou de l’argent que personne n’emportera au paradis, des ambitions utopiques, de vieilles paroles inutiles, des kankans dépassées… bref en lo bagay’ qui t’empêchent d’avancer et d’atteindre un bonheur qui n’est peut-être pas si loin !? »
Malgré tout cela, j’aimerais vous partager ma conviction que notre petite Martinique ne doit pas se laisser infester par la peur, le découragement, la dépression collective.
Manmay’la pa pèd’ fwa ! Man di zot konsa : pa pèd’ fwa !
Ce qui compte c’est de savoir qui l’on est, où l’on va, par quel chemin et avec quels moyens ! Et non pas la grandeur ni la longévité ou la puissance économique. Notre chance c’est de pouvoir compter sur des hommes et des femmes prêts à s’unir dans la diversité, décomplexés, qui n’envient rien aux autres peuples, qui ont dépassé les vieux démons du racisme et des rancoeurs, des jalousies et des défiances, qui ne se méfient pas de l’avenir, qui croient au Bien Commun, qui sont prêts à s’investir et à miser sur les talents les uns des autres pour bâtir une Civilisation de l’Amour !
J’invoque sur nous l’esprit de Gédéon (ce Juge des Hébreux, qui avec 300 hommes déterminés a battu l’armée de madian qui comptait 135000 hommes !(livre des Juges ch.7)) et je nous invite, en 2026, à laisser résonner cette bonne question personnellement, en famille, en Eglise et en peuple : lanné ta-la, la nou ka alé ?
An nou allé ! dans l’Unité en abandonnant les querelles mortifères et en valorisant ce qui nous uni.
An nou allé ! dans la Paix sans ressasser les blessures mais en cherchant la guérison commune.
An nou allé ! dans la Vérité, courage d’accepter nos zones d’ombres et d’embrasser fièrement nos talents
An nou allé ! dans la Liberté pour briser les chaines et faire briller sans complexe notre culture et notre foi
Bref : An nou allé ! avec Jésus Sauveur et Libérateur. Il est le Chemin, la Vérité et la Vie.
BONNE ANNEE 2026 !



