Chers Martiniquaises, chers martiniquais, chers concitoyens, au moment où on s’ouvre cette nouvelle année, je veux d’abord m’adresser à vous avec simplicité et vérité. L’année que nous laissons derrière nous a été marquée par des tensions et des inquiétudes. Beaucoup d’entre vous ont ressenti le poids de la vie chère, les difficultés économiques, les fragilités sociales, l’inquiétude à l’avenir de leurs enfants. La Martinique a été frappée par une montée sans précédent de la violence avec 40 homicides dont trente-quatre par balles qui ont endeuillé des familles, choqué la population et renforcé un sentiment d’insécurité généralisée. Je vais donc vous dire ceci avec respect.
La collectivité territoriale n’agit pas à distance des réalités. Elle agit au cœur de ce que vivent les Martiniquaises et les Martiniquais. Nous sommes soucieux de la situation. Depuis le début de notre mandature, nous avons dû faire face à une situation budgétaire et financière extrêmement tendue, tant au niveau national qu’au niveau local. Nous n’avons jamais caché cette réalité.
Oui, nos marges de manoeuvre sont limitées. Oui, les contraintes financières sont fortes, mais notre responsabilité a été claire assainir, sécurisée et préservée. Nous avons engagé un travail profond de redressement de nos finances, de réorganisation de l’administration et de mondialisation de nos méthodes. Ces efforts étaient nécessaires. Ils posent aujourd’hui les bases d’une collectivité plus fiable, plus efficace et plus proche de vous.
Malgré ce contexte difficile, nous n’avons jamais renoncé à agir. À travers le lancement d’une consultation citoyenne dédiée à la lutte contre la vie chère dans plus de 10 communes. À travers l’engagement fort en faveur de l’autonomie alimentaire, 2000000 d’euros confirmés sur le OSI pour les agriculteurs de la diversification. À travers la lutte contre le narcotrafic et la sécurisation du port de l’aéroport avec l’installation d’un scanner mobile et la perspective d’un scanner à ondes millimétriques à l’aéroport. À travers le versement de plus de cinq-cent milles euros d’aides de solidarité aux Martiniquaises et aux Martiniquais les plus fragilisés, les plus vulnérables.
À travers la mise en oeuvre du dispositif migration retour qui a permis à plus de 600 personnes de revenir en Martinique dans leur pays. À travers une meilleure mobilisation des fonds européens pour en faire un levier, un outil au service du développement de la Martinique. À travers la concertation avec les acteurs de la culture pour un renforcement de notre politique avec dix-huit mesures qui seront mises en oeuvre dès deux-mille-vingt-six. Deux-mille-vingt-cinq a été également l’année de lancement de chantiers d’aménagement très attendus comme par exemple la mise hors dos de la plaine de rivière Sadie, un soulagement pour les automobilistes. Les extensions du port, mais aussi de l’aéroport, le rond-point de mango Vulsain, infrastructures installées au Lamentin, mais aussi pour le TCSP vers la zone atlantique.
Le pont de la rivière des Pères pour permettre une bonne liaison entre Saint-Pierre et le prêcheur, mais oeuvrer pour la Martinique, ce n’est pas seulement gérer l’urgence, c’est aussi ouvrir des perspectives et préparer l’avenir et avoir une vision. Le 20 février deux-mille-vingt-cinq, la signature de l’accord d’adhésion à la caricum, communauté des Caraïbes a été un moment historique, un acte qui ouvre des perspectives énormes pour le développement économique et pour les échanges culturels et éducatifs. Le congrès des élus du 8 octobre 2000 vingt-cinq a été un autre moment historique. Pour la première fois, les élus rassemblés parlementaires conseillers de l’assemblée conseillers exécutifs, les maires se sont prononcés en faveur de la domiciliation en Martinique d’un pouvoir normatif autonome. Dans le respect des compétences de l’État, ce pouvoir normatif permet de conjuguer le droit à l’égalité conquête de mille-neuf-cent-quarante-six et Mécéerre et le droit à la différence, conquête d’une émancipation très attendue et très moderne.
Cette rencontre permettra d’améliorer le quotidien des Martiniquais comme par exemple l’accès au logement, la maîtrise du foncier, l’accès à l’emploi, la maîtrise de la démographie, l’apprentissage, le développement économique et agricole ou encore la préservation et la valorisation de notre biodiversité. Les négociations entre l’État et une délégation d’élus de Martinique sont désormais très avancées pour bien préparer la population et consulter la population. L’année deux-mille-vingt-six s’ouvre donc comme une année charnière, une année de consolidation, d’accélération et de projection. Elle sera marquée par des avancées concrètes et visibles dans votre quotidien. Des chantiers structurants entreront dans des phases décisives où seront livrées.
Je veux donner quelques exemples, la poursuite de la politique de renforcement des ports de pêche, l’aménagement du boulevard Général de Gaulle dans la capitale de la Martinique, la livraison du conservatoire d’art, de musique, de danse et de théâtre au lycée Schœlcher, la livraison du pôle universitaire santé très attendu, la poursuite du programme de rénovation de nos collèges et de nos lycées, l’amélioration des infrastructures routières au quotidien de nos activités, le lancement des études sur les zones franches douanières que nous voulons notamment aux Robert, à Fort-de-France et à Ducos, la mise en œuvre des études sur une infrastructure d’envergure, la liaison Carrère-Brasserie Lorraine qui avance très bien sur le plan des études, le début des travaux sur le marché d’intérêt territorial, la mise en œuvre du contrat territorial de transition agroécologique avec une production plus locale et tendre vers l’autonomie alimentaire. Deux-mille-vingt-six sera aussi une année symbolique, les 10 ans de la collectivité territoriale de Martinique. 10 ans d’une collectivité jeune, perfectible, mais désormais mieux structurée et plus affirmée. Comme à mon habitude, je ne vous ferai pas de promesses irréalistes, l’aller ne sera pas exempte de difficultés, mais je vous fais une promesse sincère. Nous continuons à agir avec lucidité, avec transparence et avec détermination.
La lutte contre la violence et contre la précarité ne se gagnera pas uniquement par des décisions institutionnelles. Elle se gagnera par l’éducation, par l’accompagnement, par la solidarité et par l’engagement collectif. La Martinique a besoin d’unité, elle a besoin de refuser la violence comme mode d’expression, elle a besoin de croire à nouveau en sa capacité à avancer ensemble. Chère martiniquaise, chers martiniquais, je veux vous adresser un message d’espérance. L’espérance n’est pas une naïveté.
L’espérance est un choix, le choix de rester debout, le choix de construire malgré les contraintes, le choix de préparer un avenir plus juste pour nos enfants. Mes chers compatriotes, je vous adresse à toutes et à tous des vœux de courage, de santé, de solidarité et de confiance retrouvée. Que cette année deux-mille-vingt-six soit celle où ensemble nous transformons les difficultés en leviers, les doutes en chemin et les efforts en résultat durable. Bonne année deux-mille-vingt-six à toutes et à tous.
Serge Letchimy
Président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique
NB : Ce texte a été retranscrit à partir de la vidéo qui seule fait foi.