La crise humanitaire à Gaza, ravagée par près de vingt-deux mois d’offensive israélienne, « a atteint un tournant alarmant et mortel », ont alerté mardi des agences des Nations Unies, relevant que les indicateurs de consommation alimentaire et de nutrition ont atteint « leurs pires niveaux depuis le début du conflit » dans l’enclave palestinienne.
Des faits indéniables
« Ce cauchemar doit cesser », a réagi le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
« Gaza est au bord de la famine. Les faits sont là, et ils sont indéniables. Les Palestiniens de Gaza subissent une catastrophe humanitaire d’une ampleur inouïe. Ceci n’est pas un avertissement. C’est une réalité qui se déroule sous nos yeux », a-t-il ajouté dans une déclaration à la presse.
Il a appelé à inonder le territoire d’aide humanitaire. Pour ce faire « nous avons besoin d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat et permanent ; de la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages ; et d’un accès humanitaire complet et sans entrave à Gaza », a-t-il dit.
Un million de femmes et de filles affrontent la faim
La malnutrition n’épargne personnes. De plus en plus de femmes et de filles sont contraintes à adopter des stratégies de survie de plus en plus dangereuses. Selon ONU Femmes, un million de femmes et de filles à Gaza sont confrontées à la faim, à la violence et aux abus.
« Les femmes et les filles à Gaza sont confrontées à un choix impossible : mourir de faim dans leurs abris ou s’aventurer à l’extérieur à la recherche de nourriture et d’eau, au risque extrême d’être tuées. Leurs enfants meurent de faim sous leurs yeux. C’est horrible, inadmissible et inacceptable. C’est inhumain », a déclaré Sima Bahous, Directrice exécutive d’ONU Femmes.
Les femmes et les enfants ont trop longtemps été les premières victimes de cette guerre. Plus de 28.000 femmes et filles ont été tuées, la plupart d’entre elles étant des mères qui ont laissé derrière elles des enfants et des personnes âgées sans protection ni personne pour s’occuper d’eux.
Inonder Gaza d’une aide alimentaire à grande échelle
Sur le terrain, malgré une réouverture partielle des points de passage, l’aide humanitaire qui entre à Gaza ne représente qu’une infime partie de ce dont une population de plus de deux millions de personnes a besoin chaque mois. Rien que pour couvrir les besoins humanitaires de base en matière d’alimentation et de nutrition à Gaza, plus de 62.000 tonnes d’aide vitale sont nécessaires chaque mois.
Les agences espèrent que les mesures prises dimanche par Israël permettront d’augmenter rapidement l’aide alimentaire et nutritionnelle dont les populations affamées ont besoin de toute urgence, sans plus tarder.
Pour autant, les largages aériens de vivres récemment autorisés par Israël «ne seront pas suffisants pour inverser la catastrophe humanitaire», avertit le rapport de l’IPC, selon qui ces parachutages sont plus coûteux, moins efficaces et plus dangereux que les acheminements par la route.
« Nous devons inonder Gaza d’une aide alimentaire à grande échelle, immédiatement et sans obstruction, et la maintenir chaque jour afin d’éviter une famine massive. Des personnes meurent déjà de malnutrition et plus nous attendons pour agir, plus le nombre de morts augmentera », a conclu la cheffe du PAM.