Lors de la réunion plénière de l’Assemblée de la Collectivité territoriale de Martinique, destinée à fixer la date et l’ordre du jour du prochain Congrès des élus consacré à l’évolution statutaire, l’élu José Mirande – Maire de la commune du Marin 972 Conseiller Territorial de Martinique Vice-Président de l’espace Sud– a plaidé pour une réforme profonde mais équilibrée des relations entre l’île et l’État. Refusant l’indépendance comme le statu quo, il appelle à « sortir de l’immobilisme » et à bâtir un partenariat renouvelé avec la France.
C’est un discours qui se voulait à la fois lucide et mobilisateur. « Aujourd’hui, nous devons mener une réflexion lucide et ambitieuse sur l’avenir institutionnel de notre île. Non pas dans un esprit de rupture ou de repli, mais avec la volonté d’inventer une relation nouvelle avec la France, respectueuse de notre histoire, de notre identité et de notre capacité à décider pour nous-mêmes », a déclaré José Mirande en ouverture de son intervention.
Entre dépendance et besoin d’adaptation
Pour l’élu, la Martinique reste enfermée dans un cadre institutionnel hérité, qui confère « des responsabilités locales mais sans leviers souverains » et laisse persister « rigidité administrative, déconnexion des politiques publiques et sentiment d’infantilisation démocratique ». La dépendance budgétaire vis-à-vis de l’État et de l’Union européenne, l’absence de marge diplomatique, notamment en matière de coopération caribéenne, et l’impossibilité d’adapter la législation nationale aux réalités locales sont autant de freins identifiés.
Des défis spécifiques qui imposent un cadre nouveau
« On ne peut pas gérer Fort-de-France comme on gère Lyon ou Nantes. Il faut des politiques faites pour nous, par nous, avec nous », a insisté José Mirande, énumérant les défis propres au territoire : déclin démographique, exode des jeunes, fragilité économique structurelle, urgence sociale, dépendance alimentaire accrue. Pour lui, « les outils standards de la République ne suffisent plus » et les politiques nationales, aussi sincères soient-elles, apparaissent souvent « hors-sol ».
Ni rupture ni statu quo : la « voie de la maturité »
L’élu plaide pour un chemin médian qu’il qualifie de « voie de la maturité et de la responsabilité », articulée autour de trois principes :
Un respect mutuel, avec la reconnaissance pleine et entière de la Martinique comme peuple capable de se gouverner ;
Une autonomie de décision, permettant d’adapter lois, politiques et priorités au contexte local ;
Une alliance intelligente, assurant des liens forts avec la France, mais choisis, et un positionnement actif dans l’espace caribéen et international.
Un processus démocratique et transparent
Refusant toute décision précipitée ou confinée à un cercle restreint, José Mirande affirme que le projet d’évolution statutaire « doit être collectif, démocratique et transparent », porté par l’ensemble de la société martiniquaise et validé par la légitimité populaire.
En conclusion, il a invité ses collègues élus et la population à se projeter vers un horizon commun : « Nous avons hérité d’un statut. Mais nous pouvons écrire un destin. Le temps est venu, non pas d’un saut dans l’inconnu, mais d’un pas en avant, ensemble, vers un avenir martiniquais audacieux, libre et enraciné. »