La haine, dit la philosophie, est ce sentiment destructeur qui nie à l’autre le droit d’exister. Elle enferme, elle divise, elle empêche de penser et d’agir collectivement. Elle se nourrit d’instinct et d’ignorance, et engendre souffrance et méfiance. Or, ce que nous avons à bâtir ensemble en Martinique exige exactement l’inverse : la connaissance, la lucidité, le courage de dire et d’écouter.
À la veille du Congrès des élus, qui doit se prononcer sur la revendication de pouvoirs normatifs pour notre pays, il est vital que la population, les partis et les représentants élus s’expriment. Non pas dans le silence, l’indifférence ou la caricature, mais dans une parole claire, responsable et constructive.
Abjurer la haine, c’est renoncer à l’indifférence et à l’hostilité stérile. Refuser d’attaquer l’autre pour une opinion différente.
C’est accepter le débat démocratique, reconnaître les divergences, et les transformer en force de proposition. Le Congrès n’est pas une fin en soi, mais un instrument de dialogue : il appartient à chacun et chacune de prendre part à cette discussion. Avec tolérance
Nous appelons donc l’ensemble des Martiniquais – citoyennes, citoyens, syndicats, associations, partis politiques et élus – à exprimer leurs opinions sur l’avenir institutionnel de notre territoire.
Car le pire danger, face à un tel moment historique, ne serait pas le désaccord : ce serait le silence.
Gérard Dorwling-Carter