La décision est tombée sans préavis : la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a suspendu le certificat de transporteur aérien (CTA) d’Air Antilles, provoquant l’arrêt immédiat de tous ses vols et l’interdiction de vendre des billets pendant au moins un mois.
L’autorité laisse néanmoins une marge de manœuvre : la compagnie dispose d’un délai d’un mois pour corriger les manquements identifiés afin d’espérer récupérer son certificat.
Un audit de sécurité accablant
L’audit mené du 2 au 4 décembre a révélé des « défaillances très significatives » dans les processus internes de sécurité : dysfonctionnements du système de management de la sécurité, documentation incomplète, procédures insuffisamment suivies ou mal tracées.
Il ne s’agit pas d’un problème technique ciblé mais d’une défaillance organisationnelle globale, jugée incompatible avec la garantie de sécurité due aux passagers.
Tous les vols annulés : une paralysie totale du réseau
Depuis l’entrée en vigueur de la suspension, aucun appareil Air Antilles n’a le droit de décoller ni d’atterrir. Aujourd’hui, tous les vols de la compagnie sont annulés sur l’ensemble de son réseau — Guadeloupe, Martinique, Saint‑Martin et Saint‑Barthélemy.
Vols et routes directement concernés
Sont suspendus tous les vols réguliers entre Pointe‑à‑Pitre (PTP), Fort‑de‑France (FDF), Saint‑Martin Grand Case (SFG) et Saint‑Barthélemy (SBH).
Le message affiché sur le site — « autorisations d’exploitation temporairement suspendues, jusqu’à nouvel ordre » — confirme l’absence totale d’opérations.
Conséquences immédiates pour les passagers
Les annulations touchent sans exception tous les passagers prévus sur Air Antilles ce 10 décembre 2025.
Les voyageurs doivent être remboursés ou réacheminés, les solutions étant gérées au cas par cas. Certains peuvent être replacés sur des vols d’Air Caraïbes, mais sans garantie de place.
Pour un cas précis (ex. un PTP–FDF), il est recommandé de vérifier immédiatement le statut du vol via le site Air Antilles ou auprès de l’aéroport.
Une compagnie déjà fragilisée
Après la liquidation de 2023, Air Antilles avait été relancée grâce à un investissement de 20 millions d’euros de la Collectivité de Saint‑Martin. Plus de 121 000 passagers avaient été transportés depuis début 2025.
La licence, prolongée jusqu’au 31 janvier 2026, dépendait de l’arrivée de nouveaux investisseurs. La suspension fragilise davantage ce plan de sauvetage.
La réponse d’Air Antilles
La direction affirme que la sécurité n’a jamais été compromise et évoque des manquements essentiellement documentaires et organisationnels.
Un mois pour éviter un effondrement
Air Antilles doit maintenant démontrer sa capacité à corriger ses lacunes en matière de procédures, de documentation et d’organisation. La DGAC décidera du rétablissement du CTA après vérifications.
Combien la Collectivité de Saint‑Martin a investi dans Air Antilles : ce que l’on sait vraiment
Depuis la relance d’Air Antilles après la liquidation du groupe CAIRE en 2023, la Collectivité de Saint‑Martin est devenue l’acteur public central du sauvetage de la compagnie. Pourtant, malgré l’importance financière de cet engagement, aucun document public consolidé ne permet aujourd’hui d’établir avec certitude le montant total des sommes injectées. Voici ce que l’on peut affirmer à partir des sources officielles et publiées.
1. Des investissements confirmés, mais dispersés
Les éléments publics disponibles montrent que la Collectivité de Saint‑Martin a engagé plusieurs enveloppes financières distinctes :
• Un apport de capital initial d’environ 1,2 million d’euros lors de la création de la nouvelle société Air Antilles fin 2023.
• Des apports complémentaires réalisés en 2024 pour soutenir la relance opérationnelle, évalués à plus de 16 millions d’euros.
• Un prêt de 3 millions d’euros voté le 6 octobre 2025 pour soutenir la trésorerie.
Au total, ces éléments permettent d’établir un plancher d’environ 18 millions d’euros déjà engagés par la Collectivité.
2. Les estimations plus élevées issues de l’opposition
Plusieurs élus d’opposition affirment que la Collectivité aurait engagé « plus de 20 millions d’euros de fonds publics » depuis 2023. Ces chiffres ne sont cependant pas vérifiables en l’absence d’un document budgétaire consolidé.
3. Ce que dit la Chambre territoriale des comptes
Un rapport récent confirme que la Collectivité a bien investi dans Air Antilles, mais ne fournit aucun tableau chiffré consolidé des flux financiers depuis 2023.
4. Pourquoi il est impossible d’obtenir un total exact à ce jour
Les données disponibles présentent plusieurs limites :
• Certaines délibérations ne sont pas mises en ligne ou sans annexes financières.
• Les apports en compte courant sont difficiles à identifier dans les budgets.
• Aucun rapport de synthèse n’existe.
• Le rapport de la Chambre territoriale des comptes ne consolide pas les montants.
Conclusion — Ce que l’on peut affirmer aujourd’hui
• Montant minimal certain : environ 18 millions d’euros.
• Montant probable : entre 20 et 22 millions d’euros.
• Montant exact : inconnu publiquement, faute d’un document consolidé.
La Collectivité de Saint-Martin a engagé des sommes très importantes dans Air Antilles, mais l’absence de synthèse financière publique empêche d’en établir le total exact. Un rapport consolidé serait nécessaire pour éclairer pleinement les enjeux.



