Face à une planète secouée par les guerres, les autocraties et les fractures sociales, le souverain pontife a rappelé, avec un style dépouillé mais déterminé, « les lois universelles de l’humanité » – une manière de replacer la voix morale de l’Église au centre du jeu diplomatique mondial.
Depuis la tombe du moine ermite Charbel Makhlouf, figure d’humilité vénérée au Liban, Léon XIV a exalté la force de la contemplation dans un monde saturé de violence et de distractions. Aux 15 000 jeunes rassemblés à Annaya, il a délivré un discours traversé d’une confiance rare : malgré un monde « lacéré par les guerres », les nouvelles générations portent, selon lui, l’espérance et « l’enthousiasme nécessaire pour changer le cours de l’histoire ».
Le pape a également exprimé une vive inquiétude devant l’exil massif des jeunes Libanais et, plus largement, de populations du Moyen-Orient. À Harissa comme sur la place des Martyrs à Beyrouth, il a rappelé la vocation du Liban comme modèle précaire mais réel de coexistence entre chrétiens, musulmans et druzes, appelant à dépasser la peur et les préjugés pour renouer avec l’unité et la réconciliation.
Sur le port de Beyrouth, après un hommage aux victimes de l’explosion de 2020, Léon XIV a plaidé pour l’abandon de la logique de vengeance, cœur des conflits qui déchirent la région. En toile de fond, c’est toute une stratégie qui se dessine : encourager les acteurs régionaux, Erdogan compris, à contribuer à une désescalade des crises Russie-Ukraine et Hamas-Israël, tout en défendant les minorités chrétiennes et la liberté religieuse.
Ce premier voyage, marqué par une retenue assumée, révèle un pontificat qui entend faire de la vérité, du dialogue et de la réconciliation les pivots d’une diplomatie spirituelle face aux dérives néo-impérialistes. Une tentative de replacer l’Église dans la conversation mondiale, à distance des logiques de puissance.



