Site emblématique de la Martinique, le rocher du Diamant fait l’objet d’un projet d’aménagement de mouillages écologiques porté par le Parc naturel marin. Objectif : organiser une fréquentation intense mais précieuse, tout en préservant des fonds marins parmi les plus remarquables de l’île.
Dominant la mer des Caraïbes, le rocher du Diamant est bien plus qu’un symbole paysager. Classé et protégé sur le plan terrestre, il abrite également, sous la surface, une biodiversité exceptionnelle aujourd’hui fragilisée par la pression croissante des usages nautiques. C’est pour répondre à cet enjeu que le Parc naturel marin de Martinique élabore, depuis plusieurs années, un projet de mouillages écologiques visant à concilier activités humaines et protection du milieu marin.
Plongée sous-marine, pêche traditionnelle, excursions nautiques, plaisance ou encore jet-ski : le site figure parmi les zones marines les plus fréquentées de la Martinique. Une étude menée entre 2022 et 2023 a mis en évidence cette diversité d’usages, ainsi que la présence de dispositifs d’amarrage non autorisés. Cinq installations illégales ont ainsi été recensées autour du rocher, avec des impacts directs sur les fonds marins, notamment liés aux jets d’ancres et au frottement des chaînes sur les coraux.
Car sous l’eau, le rocher du Diamant révèle une richesse biologique remarquable. Tombants rocheux, grottes et failles abritent près de 30 espèces de coraux, dont plusieurs protégées, ainsi qu’une cinquantaine d’espèces de poissons, des crustacés, des éponges et des tortues marines. Un patrimoine naturel fragile qui nécessite des mesures de protection adaptées et durables.
Le projet porté par le Parc naturel marin prévoit ainsi l’installation de six bouées de mouillage écologiques, réparties sur différents secteurs stratégiques du site. Ces équipements innovants remplaceront les amarrages existants et permettront d’éliminer l’usage des ancres, réduisant considérablement les dégradations des fonds. Fixées à la roche grâce à des techniques de scellement chimique éco-innovantes, les plaques d’ancrage seront reliées à des cordages équipés de bouées intermédiaires, évitant tout contact avec le substrat marin.
L’utilisation de ces mouillages sera gratuite et encadrée par un règlement d’usage tenant compte des priorités professionnelles, notamment celles des pêcheurs et des clubs de plongée. En contrepartie, le mouillage sera strictement interdit en dehors de ces dispositifs, afin de respecter la capacité d’accueil environnementale du site. Des contrôles seront assurés par les services de l’État et du Parc naturel marin.
Fruit d’une large concertation engagée dès 2019, le projet a mobilisé élus, usagers de la mer, associations, scientifiques et services de l’État. Adopté par le conseil de gestion du Parc naturel marin, il a également reçu un avis favorable de la commission des sites et paysages, garante de la préservation de ce panorama exceptionnel.
Au-delà de la protection environnementale, ce projet s’inscrit dans une ambition plus large : affirmer la Martinique comme une destination de tourisme bleu responsable, capable de préserver ses trésors naturels tout en valorisant durablement ses usages maritimes.



