Ce mercredi, il était question de réemploi des emballages à la CTM. Plus particulièrement des contenants en verre. Chaque jour, 22 tonnes de verre sont importées pour les besoins d’embouteillages locaux. Seule une infime partie sera revalorisée une fois jetée dans les bornes d’apport volontaire. Afin d’enrayer cette dynamique, un retour de la consigne est envisagé.
Antan lontan, les bouteilles de verres qui avaient contenu du soda ou du rhum devaient être rapportées à la boutique. Il était commun de voir les clients porter des cageots aux camions livreurs collectant les bouteilles de verre vides. Un temps qui n’est pas si « antan lontan », cette pratique s’est étendue jusqu’au début des années 1980. Mais paraît-il, c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure confiture. Ainsi, dans après avoir assisté au règne du plastique, on revient au verre, un contenant bien plus eco friendly. Dans ce cadre, la CTM, l’Ademe et Citéo lancent un appel à manifestation d’intérêt. « Laissons au génie martiniquais le soin de nous apporter des idées en capacité d’avancer avec pour objectif de transformer les usages martiniquais », explique Alexandre Ventadour, président de la commission transition écologique à la CTM. Avec ce prochain dispositif, la CTM entend asseoir sa stratégie d’économie circulaire. « La Martinique est un territoire qui se donne les moyens de ces nouveaux usages économiquement intéressants. L’enjeu est vital dans notre cadre insulaire. » Les chiffres confirment cette dépendance. Près de 22 tonnes d’emballage en verre vide arrivent en Martinique chaque jour. Dans un territoire qui importe 80% de ce qu’il consomme, le réemploi des emballages est un véritable enjeu à travers la loi AGEC (Anti gaspillage pour l’économie circulaire), la stratégie territoriale d’économie solidaire ou encore le plan de gestion des déchets de la Martinique.
Le recours au réemploi des emballages est vivement préconisé notamment la mise en place de consigne pour les contenants en verre. « Nous sommes en position de dépendance pour certaines ressources. Le verre en fait partie », précise le directeur de l’Ademe, Jean-François Mauro. En matière de tri, le territoire fait figure de mauvais élève. La collecte du verre ne représente que 10 kg par an par habitant alors que le résultat dans l’Hexagone est trois fois supérieur.”
82% des Martiniquais y sont favorables
Les Martiniquais seraient-ils favorables au retour de la consigne ? C’est la question à laquelle s’est intéressée une étude de l’Ademe. 82% des personnes interrogées sont prêtes à acheter des produits locaux dans des emballages en verre consignés. « Le critère du prix est souvent le déclencheur l’acte de la consommation. Le consommateur va avoir du mal à acheter plus cher surtout dans cette période actuelle. Il faudrait presque une incitation financière », nuance le directeur général de Citéo.
Après cet AMI, les projets pertinents et viables seront accompagnés. Il sera alors l’heure de sensibiliser la population à ce nouveau mode de consommation. On préfèrera parler de réemploi que de consigne. « Le réemploi montre au consommateur qu’il fait un geste pour l’environnement », explique Philippe Moccand, directeur régional des Outre-mer chez Citéo. Le consommateur n’est pas le seul à jouer un rôle dans cette économie circulaire même si il en est le maillon final. Les distributeurs sont aussi des acteurs majeurs. Dans l’Hexagone, les magasins qui vendent en vrac se multiplient. Aller faire ses courses avec ses propres contenants devient plus courant. « Dans les Outre-mer, il n’y a pas cet engouement. Les clients sont encore attachés à avoir leur produit emballé. Pourtant il n’y a pas si longtemps que ça que le système de la consigne était utilisé. »
Laurianne Nomel