À une semaine du scrutin décisif à l’Assemblée nationale, le Premier ministre François Bayrou a esquissé dimanche de nouvelles pistes pour tenter de rallier une majorité relative autour de son projet budgétaire.
Des concessions sur la table
Face aux critiques de la gauche comme de la droite, Bayrou a indiqué qu’il ne supprimerait qu’un seul jour férié au lieu de deux, comme initialement prévu. Une mesure symbolique censée apaiser les tensions sociales.
Il a également confirmé une surtaxation des très hauts patrimoines, répondant ainsi à une demande insistante du Parti socialiste, qui conditionne son abstention au maintien d’un effort fiscal ciblant les ménages les plus aisés.
Un appel au sens des responsabilités
François Bayrou cherche ainsi à éviter une motion de censure qui pourrait lui être fatale le 8 septembre. Son appel vise aussi bien les députés socialistes, sensibles aux gages donnés sur la justice fiscale, que certains élus du Rassemblement national, séduits par l’idée d’une fiscalité « patriotique » sur les grandes fortunes.
Une majorité introuvable ?
Malgré ces ajustements, l’équation parlementaire reste incertaine. La gauche radicale de La France insoumise a réaffirmé son opposition frontale au projet, jugé austéritaire. Du côté des Républicains, les critiques se concentrent sur le « manque de courage » du gouvernement en matière de réduction des dépenses publiques.
Le 8 septembre, François Bayrou jouera donc sa survie politique. Le vote de confiance pourrait déterminer non seulement l’avenir du budget 2026, mais aussi celui de son gouvernement, menacé d’une chute rapide en cas de rejet.
Les enjeux pour l’Outre-mer
Un rejet ou une profonde révision du budget aurait des conséquences directes pour les Outre-mer.
Sur les subventions et les aides sociales : les crédits destinés à compenser le coût de la vie chère et à soutenir les ménages modestes pourraient être bloqués ou reportés, fragilisant des territoires où plus d’un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Quant aux Investissements publics : la Martinique, la Guadeloupe et la Réunion attendent des financements pour les infrastructures de transport, la transition écologique et la santé. Une crise budgétaire à Paris gèlerait ces projets.
La continuité territoriale : déjà sous tension, le dispositif pourrait voir ses crédits rabotés ou suspendus, ce qui limiterait encore davantage les déplacements vers l’Hexagone.
Le dialogue institutionnel compromis : dans un contexte où les Congrès des élus (prévu le 25 septembre en Martinique) doivent discuter d’évolution statutaire, une instabilité nationale renforcerait la perception d’un désintérêt de Paris pour les réalités locales.
Un climat d’incertitude
Pour les Outre-mer, l’éventualité d’un vote de défiance à l’Assemblée nationale est donc lourde de risques. Elle pourrait ouvrir une période de gestion en mode dégradé, avec des crédits limités aux dépenses courantes, sans marge pour l’investissement ni pour l’adaptation des dispositifs sociaux aux réalités locales. C’est l’annonce de jours sombres.
Jean-Paul Blois



