Le retour d’une diplomatie de la force : un air de “Big Stick” dans la Caraïbe
Le spectre d’une diplomatie de la force refait surface dans la région caraïbe, rappelant les heures sombres de la doctrine du Big Stick… Aujourd’hui, face au Venezuela et à d’autres nations jugées rebelles à l’ordre économique occidental, Washington renoue avec cette logique interventionniste, sous couvert de défense des droits de l’homme ou de lutte contre les trafics. Cette démonstration de puissance traduit une volonté de reprendre le contrôle d’un espace stratégique riche en ressources. Ce qui se joue dans la Caraïbe résonne fortement avec les dynamiques observées en Afrique.
Caraïbe – Afrique : deux régions, un même laboratoire de domination
La Caraïbe et l’Afrique sont aujourd’hui les champs de bataille géopolitiques où risquent de se réinstaller les logiques du colonialisme économique et numérique. Elles deviennent les laboratoires d’une recomposition mondiale dominée par les grandes puissances, tandis que les régions caribéennes et africaines restent à la périphérie des décisions. Le risque géopolitique atteint un point d’acmé, et celui d’une recolonisation se fait jour avec une acuité nouvelle.
La recolonisation de l’Afrique : un retour sous des formes nouvelles
Derrière les discours sur la mondialisation et la coopération se cache une dynamique brutale : celle d’un continent soumis à de nouvelles dépendances financières, commerciales et technologiques. Le colonialisme ne se manifeste plus par les armes, mais par l’influence économique et la mainmise sur les ressources stratégiques.
Une compétition mondiale féroce pour le contrôle des ressources africaines
La Chine, la Russie, les États-Unis, l’Union européenne, la Turquie ou les monarchies du Golfe avancent leurs pions. Ports, routes, infrastructures, bases militaires, milices privées, accords énergétiques : l’Afrique est redevenue un terrain de rivalité mondiale.
Néocolonialisme énergétique : les ressources comme malédiction
Pétrole, gaz, minerais rares, terres arables, eau : la ruée vers les ressources africaines alimente une nouvelle forme de prédation. Plus de 93 millions d’hectares ont été vendus ou loués à des puissances étrangères, privant les populations locales de leurs terres.
Instabilité politique et chaos sécuritaire : un boulevard pour les puissances étrangères
Coups d’État au Sahel, progression djihadiste, effondrement des États : l’instabilité permet à des puissances extérieures de s’implanter sous prétexte de sécurité et de lutte antiterroriste.
Colonialisme technologique : la nouvelle frontière de la domination
La domination numérique s’ajoute à la domination économique : l’Afrique et la Caraïbe sont dépendantes des infrastructures, des data centers, des algorithmes et des géants technologiques du Nord. C’est le colonialisme numérique, où l’on ne conquiert plus des terres, mais des données, des imaginaires et des dépendances.
Recolonisation : un phénomène discret, fluide, silencieux
Le néocolonialisme du XXIe siècle passe par les règles économiques, la dette, les technologies et la captation des ressources immatérielles. Les gouverneurs coloniaux d’hier ont laissé place aux algorithmes, aux serveurs et aux géants du numérique.
Caraïbe et Afrique : à la croisée d’un choix civilisationnel
Pour se libérer, la Caraïbe et l’Afrique devront construire une souveraineté technologique, investir dans la formation et la recherche, protéger leurs données et leurs ressources. La recolonisation est en marche, mais elle n’est pas inéluctable. L’avenir appartient à ceux qui reprendront le contrôle de leur destin économique, intellectuel et numérique.
Jean-Marie Nol, économiste et juriste en droit public



